La Queue.
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pour cet effet, du bois verd & du bois fec de Saule, qui eft
l’Arbre, dont cette Chenille fe nourrit le plus ordinairement.
J’ai fait tomber une goûte de liqueur fur ce bois. Elle pénétra
d’abord dans le bois fec; mais elle eut plus de peine à entrer
dans le bois verd ; enfuite je raclai l’un & l’autre de ces
morceaux de bois, avec le bout d’une aiguille, dont la pointe
étoit aiguifée en couteau, je le fis d’abord aux endroits trempés
de cette liqueur, & puis à ceux où' elle n’avoit pas touché;
mais cet effai ne répondit point à mon attente, je ne trouvai
pas que la liqueur eut aucunement ramolli le bois verd, &
le ramolliffement, arrivé au bois fec, étoit fi peu fenfible', qü’il
me fembla que Peau ptité en eut pu faire autant. Si donc cette
liqueur ramollit le bois , comme je-fuis encofe porté à le
croire, il faut, ou qu’elle fubiffe d’autres préparations que Celle
qu’elle avoit reçue, dans 'te refèrvoir, lors que je l’ai employée;
ou que la Chenille y mèlb d’autres fucs de fa bouche,
qui la rendent prépfe k c é t'e ffe t,: bu bieff qu’il arrive |j à Cet-1
té liqueur, lorsqu’on noyé là Chenille, comme j’ai toujours
fait avant de les anatomifer, une alteration, qüi lui fait perdre"
fa qualité diffolVa'nte.
L a Queue de ce Vailfeau, après s’être pliée & r'épiléè di-
verfes fois fur elle même, d’une façon qui ri’eft rien moins
qu’uniforme dans toutes le« Chenilles de l’efpècc, & après avoir
fait enfuite quelques lacis , s’introduit entre les anfraéhiofitésf
de la partie antérieure de l’Etui- grâiffeux, où elle lerpentille
de cent façons différentes, & y finit, comme if a été marqué,
tantôt par une extrémité, taiitôt par deux. D ans
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D ans la Chenille, d’après laquelle la-Fig. y PI. X V III.,
qui repréfente fort en grand le vaiffeau dont il s’a g it, a été
exactement tirée, cette queue étoit fimple depuis C jufqu’en F.
Depuis F jufqu’en G , elle faifoit, fur elle même, un pli & un
repli, qui la rendoit triple; - Depuis G jufqu’en H , elle for-
moit, fur elle même, à deux reprifes fiicceffives, un double repli,
ce q u i, dans cet, efpace, la rendoit quintuple. Jufqu’à cet
endroit ces plis & replis étoient appliqués & alfujettis Jes uns
contre les autres dans toute leur longueur ; non feulement par
nombre de bronches; mais encore par plufieurs ligamens particuliers.
Depuis H jufqu’en E , la queue faifoit diverfes circonvolutions
affez raprochées; mais fans application immédiate, &
les bronches feules fembloient les fixer dans cette alïïète. En-
fuite la queue formoit, en ferpentant, un jet fimple E L , & ,
après être .ainfi montée jufqu’au niveau environ de l’extrémité
antérieure du refervoir, elle s’infinuoit entre les anfractuofités
de l’Etui grâiffeux , avec lequel elle communiquoit par un très
grand nombre de fibrilles, le parcourrant, en tout fens, par
quantité de zic-Zac très variés L M , jufqu’à ce qu’enfin, après
s’être partagée en deux, elle-y finiffoit par deuxbouts fermés
O & P.
L es queues des Vaiffeaux diffolvans font fort longues. Le Longueur
grand nombre de tours, de retours, de plis, de replis, qu’el- * qUCUe’
les font, les ligamens & les filets qui les lient, & l’Etui graif-
feux , dans lequel elles s’enfoncent, font autant d’empêche-
mens, qui les rendent difficiles à fiiivre & à étendre pour des
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