Elles changent
par là
de proportions.
Nôtre Chenille
vit quelques
années.
vigueur, ni de prendre aucune nourriture encore de quelques
jours.
L a Chenille, ainfi vêtue tout de neuf, eft autrement proportionnée
qu’elle ne l’étoit avant fa mue; fa tête , fes jambes, &r,
en général, tout ce qu’elle a d’écailleux, elt fenliblement plus
grand, à proportion du relie ; aufll ces parties folides ne croif-
fent-elles plus dans la fuite : c’eft le corps lèul, & les parties
molles de l’Animal, qui croilfent & s’étendent, au moyen des ali-
mens, jusqu’à ce que, devenues trop grandes, pour les parties
folides, la Nature y fupplée par une nouvelle mue, où, dépo-
fant toutes ces parties, la Chenille en revêt d’autres plus convenables
à fa taille.
I l feroit plus facile de s’inftruire combien de tems ces Chenilles
vivent, avant de fe difpofer à fe changer en Chryfalides,
que de favoir combien de fois elles muent ; on n’auroit qu’à introduire
quelques Chenilles très petites derrière l’écorce d’un Saule
fort écarté des autres, & qui n’a point encore été endommagé
par aucun Infecte, & attendre le tems qu’ elles font un trou
à l’écorce de cet Arbre; car c’eft alors, comme on le verra bientô
t, qu’elles fe préparent à changer de forme. J’ai diverfes fois
éprouvé ce moyen ; mais, quoique des accidens, qu’il feroit inutile
de détailler, en ayent toûjours fait manquer l’entière réuf-
fite, le réfultat de mes divers effais combinés m’a fait voir, qu’elles
paffent certainement deux hyvers, & très probablement trois,
avant que de fe changer en Chryfalides : ce qui eft un fait d’autant
plus remarquable, que je ne fâche pas que l’on connoiffe aucune
cime autre efpèce de Chenille, qui paffe plus d’un hyver avant
de fe transformer.
C omme nôtre Chenille paffe l’hy ver fans manger, elle le paf- se renferme
fe.auiïi fans agir. A l’approche de cette rigoureufe faifon, elle une coque,
fe fait une coque affez légère, tapiffée de foye en dedans, &
couverte, en dehors, de très petits éclats de bois, qu’elle a ame-
nuifé pour cet ufage : renfermée dans ce réduit, elle attend la
belle faifon pour en fortir.
T ou t e s les Chenilles du Bois de Saule, que j’ai trouvé en
hyver, petites ou grandes, occupoient chacune une coque pareille
, parmi lesquelles il y en avoit d’extrêmement lâches : Les Ne file point
- . . - alors.
Chenilles, que j’en ai tirées-, ne filoient point, bien qu’en été
elles filent presque toûjours, quand on les met à découvert;
elles ne montroient, dans leurs mouvemens, ni force ni vigueur:
quand il gèloit médiocrement, elles marchoient enco- Eftfoibie.
re ,-mais avec peine, & quand il gèloit très fort, elles-per- Engourdie
doient abfolument tout mouvement, fans pourtant devenir froid.Ie51111
roides, ni fans que ce froid fit mourir aucune de celles que N’en meurt
.<> point. j-avois.
•La grandeur, à laquelle ces Chenilles parviennent, avant de Sa grandeur,
fe filer des coques, pour fe changer en Chryfalides, n’eft pas toujours
la même, comme je l’ai déjà dit. Les plus grandes, de
celles que j ’ai vû fe difpofer à changer d’état, avoient trois pouces
& demi de longueur*, & les plus petites n’avoient guères * pi i Fig. j.
plus de deux pouces. Le manque de bonne nourriture eft fou- 4" ^ 5'
vent caufe de ces différences, dans les Chenilles, & celles qui
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