les yeux fur la Fig. 6. de la Planche U , qui eft celle d’une
tête de Chenille, dont le mufeau fe voit à plomb. On y remarquera
qu’elles font placées entre la Lèvre Supérieure & la
Levre inférieure, que la Lèvre Supérieure cache la plus grande
partie de leur Tranchant, qu’il n’y a que les plus grandes
Lents, qui parodient à découvert, . & que celles-ci font placées
du côté de la Lèvre inférieure; que les dents d’une Mâchoire
font face à.celles de l’autre, & que la .courbure de .eeff Mâchoires
eft tehe? que, lorfque la Chenille lesfèrre, lès dents fe rencontrent
fous un angle fort obtus ; ce • qui ne paroît pas s’accorder
avec ce- que Mr. de Reaumur remarque dans fes 'Mémoires
fur les Jnfeftes, Toril. I. pag. 133 ■ que comme ces
Chenilles ont à percer le bois , leurs dents font plus aiguës
que celles des Chenilles ordinaires, & fe rencontrent l’one
l’autre fous un angle plus aigu ; mais il y aura, peut-être
moyen de concilier ceci, en remarquant, que Mr. de Reaumur
appelle Lents , ce que je nomme Mâchoires, & que, comme
les Mâchoires de nôtre Chenille fon t, à proportion, plus grandes
& plus longues • que celles du commun de ces Infeâes, elles
font, à -les. conüdèrer depuis leur Bafe, un angle plus aigu lors
qu’elles iè rencontrent, que ne fon t, en ce. même 'cas, celles
des autres Chenilles ; parceque les Mâchoires de- celles - ci,
étant plus. courtes,.. elles.. doivent . s’incliner davantage l’une
vers l’autre pour fe rencontrer, & en ce fens cet illuflre Auteur
peut avoir raifon ; mais cela n’empêche pas, d’un autre
côté, que, pour ce qui eft dc,s Lents.!, proprement dites, de nôtre
- - Che-
Cheniile, elles ne fe rencontrent nullement fous un angle aigu
, mais dans un angle fi ouvert, qu’il approche de là ligne
droite, quand elles fe touchent, ou du moins, comme-j’ai d it,
fous un angle ; fort obtus, par un effet de la courbure dés
Mâchoires, fur lesquelles elles font placées ,. ainfi qu’on peut le
voir dans les Fig. 7 de la Planche J , & 6 de la Planche 1T,
que j ’ai gravé,-l’une & l’autre, d’après Nature, avec la même
exactitude, que je tache d avoir dans toutes mes Figures, dette
courbure des Mâchoires de nôtre Chenille n’y doit pas être
regardée comme une circonftance indifférente; elle fert à leur
donner plus de force, & contribue encore à en rendre, en
même tems, l’effort plus efficace, en les faifant agir avec
moins d’o b l iq u i t é & de manière que leurs parties s’entre-fou- -
tiennent davantage... AuJfi voit-on que les Animaux, qui
ont. reçu des griffes, ou des ferres, pour fe défendre, en ont
généralement les . ongles très: crochus, & que la plupart des
Qifeaux de proye, & ceux qui caffent des fruits durs, ont le -
Bec fort recourbé.
Ô n peut juger de la force, que nos Chenilles ont dans leurs •
Mâchoires, par les trous qu’elles çreufent dans les Arbres, de-
même dans les Chênes les plus durs, comme il a déjà été dit;
Aulïi ai-je v û , qu’en Hyv er, dans un tems où ces Chenilles
font extrêmement foibles, à caufe du froid , & où les miennes
avoient déjà jeune plus de quatre mois, elles mordoient
encore fi fort, à des aiguilles que je leur prèfentai, que non
feulement elles y demeuroient fulpenduës ; mais qu’encore elles -
fe calfoient les Lents à force de les ferrer; ç EC£