commencer à mefurer par eomparaifon, la force des Verres; puis
qu’on ne fauroit-dire qu’un Verre groffit k nos Y e u x , qu’autant
qu’il permet de voir plus près de fon Centre, un Objet, qu’on ne
peut l’aprocher de l’Oeuil nud, pour le voir. Et il eft certain,
que fans avoir une vue excellente, on peut, à l’age de I f Ans,
voir très diftinétement un petit Objet, à k diftance de 6 Pouces
, & même de moins. A 35 Ans, je le voyois fort bien à J
Pouces de diftance , quoi que je n’aye jamais en la Vue baffe.
On peut donc, je crois, hardiment établir, que la diftance d’une
bonne V u e , pour voir de très petits Objets, eft, non de 7|'.j mais
au plus de 6 Pouces & - : & fur ce pièd , ma Lentille N. 1 ,
n’agrandira en long & en large un Objet, que de 90^ fois; N. 2,
de N. 3 , de 4 ? | | ; N. 4 , de J M la plus forte Loupe
que de 9 ^ ; & l’autre de g # j fois.
Manière de Vérifier cette méthode par T Expérience.
A près avoir déterminé, par les Règles de l’Optique, la force
de mes Verres; j ’ai voulu effayer, ü le refultat en étoit conforme
à l’expérience. H s’agiffoit pour cet effet, de trouver moyen,
de mefurer un Objet de grandeur fenfible & connue , vu fans
Verre à la diftance de f - , & de 6\ Pouces, par -un autre Objet
très petit, divifé en Echelle, & vu fucceffivement par chacun
de mes fix Verres. Cette Echelle n’étoit pas difficile à trouver.
La Nature en avoit fait les Eraix. Un Morceau du deffus de
Cornée , d’une Mouche de la plus grande Elpèce de celles que
l ’on nomme Demoilèlles, fuffifoit pour cela. Je coupai au Mi-
.crofcope ce Morceau, fuivant la file des Facettes hexagones, qui
le
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le divifoit, & qui étant toutes de même grandeur, me fournirent
une Echelle, de 38 divifions dans la longueur.d’une ligne :
& je collai cette Echelle fur une Lame de Verre*
J e pris pour mon objet de grandeur fenfible & connue, une
Trace de la longueur'd’un Pouce, faite fur un morceau de Carte
à jouer, & divifée en 12 Lignes. U ne reftoit donc qu’a trouver
un expédient, pour mefurer cette Trace vue k nud, par les
-Facettes de la Cornée vues au travers de chaque Lentille. J’eus
^encore recours pour cet effet au même Inftrument Fig. x. Je
pofai le morceau de Carte, du côte de ma droite, fur le Couvercle
N B : Je tournai un peu à gauche, fur fon Pivot N O , la
Table ovale P Q_: & comme elle n’étoit élevée que de y Pouces
au deffus du Couvercle, je mis fur la Table, de quoi pouvoir fiif-
fifamment élever la Lame de Verre qui portoit l’objet à Facettes,'
pour pouvoir être examiné fur cette Table d’un Oeuil au Mi-
crofcope, tandis que je verrois en même tems à nud, de mon
autre Oeuil, à la diftance de 7J, ou de 6\ Pouces, l’autre objet
tracé fur le morceau de Carte, & poféfur le Couvercle N B : Et
je mis fucceffivement, à ces ceux élévations, la Lame de Verre ftir
la Table P Q. de façon, que le morceau de Cornée debordoit
affez, pour que perpendiculairement placé au deffus du Miroir
concave I K , il pût en recevoir les rayons.
T out fe reduifoit donc à trouver moyen de placer & tenir
l’un des yeux precifément k la diftance de 7 J , ou de 6\ Pouces
de l’objet tracé fur la Carte. Un petit Bâton, pofé par un bout
fur la Carte, & par l’autre k l’Angle externe de l’Orbite de
C l’Oeuil,