nuit; qui tant qu’elle fubfifte, s’entretient, fe monte, & fe repare
elle même par fon propre mechanifme, & dont l’efpèce fe con-
ferve malgré la courte exiftence de lès individus, par une reproduction
aufli incomprehenfible, qu’admirable. Tout ceci fuppofe un
deffein manifefte, & un appareil pour l’executer, où tout eft dif-
pofé de façon , que le jeu diffèrent du-nombre prodigieux de
refforts néceffaires pour operer tant de divers effets, quoique
prefque fans ceffe en mouvement, agiffe fans fe croifer ni s’en-
tre-détruire, bien qu’ils loyent d une délicateffe extreme, & renfermés
fouvent dans l’efpace d’un point prefque imperceptible.
Je ne puis réfléchir fur tout cela, làns me dire , ceci ne ,s eft
point ainfi fait par hafard. Il doit abfolument avoir été com-
pofé par un Etre qui poflede, dans le degré le plus fublime, les
lecrèts les plus cachés de l’Hydraulique, de la Chymie, & des
Mechaniques ; par un Etre , en qui une intelligence fans bornes
fe réunit à un pouvoir abfolu fur la Matière, & chez qui
les efpaces les plus refferrés ne fçauroient porter obftacle à l’exécution
des Plans les plus vaftes; en un mot, par un Etre qui
a fçu prévoir tout, & pourvoir à tout. C’eft ainli que le moindre
Ciron, quand on y réfléchit.,, peut devenir , par fa peti-
teffe même , un objet, d’autant plus digne de notre admiration
, que cette petiteffe contribue à relèver la grandeur im-
menfe de celui qui l’a formé ; mais ce n’eft pas tout , fi ces
petits êtres vivans méritent nôtre admiration à de fi juftes titres
, que ne doit - on pas dire de ces diverfes Claffes d’en,
tr’eux, qui, à tant de merveilles, ajoutent encore celle de changer
totalement de forme ? Ce changement ne fuppofe - 1 - il pas
un
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un Mechanifme intérieur bien plus compofé que celui des au-
très Animaux? Et que dira-1-on par conféquent, fi j ’ajoute,
que ’ces transformations ne fe bornent point à la fimple figure
extérieure, mais que toute la ftruâure intérieure change
tellement de forme ën même teins, qu’à peine refte-t-il des
traces de ce qu’elle étoit auparavant ? Combien cela ne paraîtra
1-il pas encore plus furprenant, après que l’Anatomie
nous aura donné une connoiffance un peu détaillée du nombre
prodigieux de parties qui entrent dans la compofition d’un
pareil Animal, & qui fe diffolvent prefque toutes, pour en reproduire
d’autres fi différentes?
O fe ra -t-on encore dire, après cela, que celui qui aurait tâché
, par une Anatomie bien développée, de nous faire un
Crayon de ces changemens admirables, en nous traçant d’une
main fùre les détails des parties intérieures d’un Infeéte, avant
& après fa transformation , & en le fuivant dans fon état de
paffage d’une forme à l’autre, & qui auroit par là mis à la
portée de nos fens une merveille prefque ignorée, fi propre à
relèver les hautes idées que nous devons avoir de l’Etre fuprê-
me; olera-t-on, dis-je, encore., avancer, après cela, que celui
qui auroit exécuté un tel plan , eut dû mieux employer fon
loifir? Pour mo i, je ne le crois pa s, & il s’en faut de beaucoup
que j’eftime que plufieurs de ceux qui ont confacré leur
Plume , foit à nous décrire les Aétions des Hommes, foit à nous
détailler leurs Ouvrages, ayent fait un meilleur ufage de leurs ta-
lens ? Je conviens qu’ un Hiftorien, qui fçait mettre un jufte
prix aux chofes, & placer les évènemens fous un point de vûë
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