J 12 C H A P I T R E x v r:
compofée de fibres parallèles qui fe touchent, & dont la direction
eft transverfale à la longueur du vaiffeau. Ces fibres
m’ont paru différer de celles des mufcles. Je n’ai pas remarqué
qu’elles fuffent torfes ; mais elles m’ont femblé toutes grenées
de grains exceflivement petits.
L a Tunique intérieure eft une membrane tranfparente affez
forte; au premier coup d’oeuil elle paroit garnie de fibres Ion-
gitudinales; mais ces aparences de fibres ne font que l’effet d’un
très grand nombre de fort petits plis , que forme cette tunique,
& que l’on fait difparoitre aufli-tôt qu’on l’étend par les
côtés. Ils permettent, à la tunique, de prêter facilement, lors
que l’abondance de la liqueur du refervoir le demande.
C e t t e liqueur eft graffe, traniparente, d’une odeur pareille
à celle de la Chenille; mais beaucoup plus forte; Elle eft
plus légère que l’eau & le vin de grain, & ne fe mêle ni avec
l’une ni avec l’autre. Outre la liqueur tranfparente, on fait encore
fortir, des refervoirs, une matière nebuleufe & blanchâtre,
qui ne femble être- que l’amas d’une infinité de goûtes du même
fluide, fi petites, qu’un grand nombre en échappe au Mi-
crofcope. Celles qui, étant moins petites, peuvent être diftin-
guées, par ce moyen, font toutes tranfparentes; de-forte que
l’opacité, çaiffée par leur amas, ne paroit être que l’effet de
leur extrême petiteffe, & des interftices d’air, ou d’autres fluides,
qui les feparent.
J e me fuis déterminé à nommer Vaiffeaux diffolvans, les
vaiffeaux dont il s’a g it , parceque plufieurs circonftances con*
cour-
C H A P I T R E X V L
co'urrent à faire croire que la liqueur qu’ils renferment eft un
fuc corrofif, qui fert, ou à ramollir le bois que cette Chenille
creufe, ou à le digérer, en s’y mêlant quand elle l’avale. D’abord
l’odeur très forte de cette liqueur graffe donne lieu de
préfumer que c’eft .une elpèce de menftrue huileux. On ne fau-
roit d’ailleurs douter qu’elle ne s’épanche dans la bouche, puis
que c’eft le feul endroit dans lequel le cou des vaiffeaux diffol-
vans s’ouvre; & les mouvemens que ce cou eft obligé de faire,
quand la Chenille remue fes mâchoires, rend plus que probable
que c’eft alors que l’épanchement de la liqueur s’y fait. Joignez
à cela que cette Chenille ne perce pas feulement les fau-
les ; mais des arbres fans comparaifon plus durs, comme font
les Chênes, Or il eft difficile à comprendre., que fes dents,
qui ne font guères tranchantes ni pointues, quoique capables,
comme on a v u , de faire de très grands efforts, en peuffent
venir à bout, fi elles n’avoient pas quelque autre fecours. Aufli
le bois,, où elles travaillent, paroit-il fouvent pénétré de cette
liqueur, dont l’odeur fe fait connoitre. E t, ce qui ajoute encore
un nouveau degré de vraifemblance à cette conjecture,
c’eft que les vaiffeaux diffolvans femblemt être particuliers à la
Chenille du Bojs de Saule. Du moins je ne me rapelle pas que
ceux qui nous ont donné des ébauches Anatomiques d’autres
fortes de Chenilles, ayent parlé- de Vaiffeaux analogues à
ceux-ci.
D es conjectures, qui ont tant de vraifemblance ont naturellement
du m’inviter à faire l’effai de cette liqueur. >J’ai pris,
T t t pour