lac du Bourget en Savoie, pour enlever les poissons que ces derniers
se plaisent à lui jeter pendant leurs pêches, en le voyant
passer ou planer au-dessus d’eux.
Avec ces instincts de sociabilité, ce Milan est fort craintif et ne
se défend pas quand il est blessé.
Aussi s’apprivoise-t-il avec la même facilité que le Milan royal.
M. Marchand, de Chartres, rapporte en avoir conservé un vivant,
depuis le mois de mai 1840 jusqu’au mois de décembre 1862; il avait
déjà trois ans quand il vint en sa posséssion : c’était une femelle.
Son plumage avait peu changé, si ce n’est sa tête qui était devenue
d’un gris très clair, chaque plume ayant une très fine raie
noire sur le milieu ;-ses yeux étaient devenus du même gris. Il a
pondu pendant plusieurs années ; ses oeufs étaient souvent bardés
; il mettait cinq ou six jours d’intervalle entre chaque ponte.
M. Marchand l’a vu pondre un oeuf vers quatre heures du. soir.
Les trois dernières années de sa vie, il ne pouvait plus se percher;
il dépeçait cependant facilement, jusqu’au dernier jour, même
des Corneilles.
Nous en avons également possédé un pendant neuf années,
rapporté d’Algérie trois ans auparavant, de 1860 à 1869. Celui-
là était un mâle. Il avait pris l’habitude de s’éloigner du château,
autour duquel il volait tous les jours, sans que ses absences sé
prolongeassent plus de vingt-quatre à quarante-huit heures.
Son plumage était devenu magnifique, et le ton pâle des
plumes de sa tête et de son cou tournait presque au blanc pur.
Il répondait au nom de Coco.
4- FAM IL L E
FA LCONINÉS ou FAUCONS. — Falconinæ.
Nous en arrivons ainsi à l’une des plus intéressantes familles,
celle des Faucons proprement dits.
Si les Faucons avaient la taille des Vautours ou des Aigles,
ils seraient, pour nous servir de l’expression d’Esquiros, les chefs
des ravageurs ailés.
Us se distinguent par la réunion de tous les caractères qui
constituent l’idéal de l’oiseau de proie. Bec court et recourbé ;
mandibule supérieure armée d’une ou deux fortes dents, au lieu
d’être simplement ondulée ou festonnée sur son bord ; ongles
crochus; grande force musculaire; longues ailes aiguës, douées
d’un vol rapide ; vue perçante ; dessous des doigts ou plante des
pieds fortement mamelonnée, qui semble être le caractère particulier
des Accipitres vraiment chasseurs et ravisseurs ; tous ces
caractères eh font des ojseaux admirablement conformés pour la
guerre. ,
G. Cuvier et d’autres naturalistes, à son exemple, préoccupés,
avec juste raison, de la valeur relative des types zoologiques,
par rapport à leurs aptitudes, avaient placé les Faucons à la
tête des Rapaces nobles, ce dont n’est pas éloigné Toussenel,
pour qui le Faucon est type d’harmonie. Ce sont, en effet, les meilleurs
voiliers de toute la tribu et les oiseaux de proie par excellence,
ne dévorant leur proie que palpitante, ne chassant jamais
qu’au vol, suivant même, pendant leurs migrations, les bandes de
certains oiseaux voyageurs, au milieu desquels ils choisissent
chaque jour leur victime, se mettant ainsi à leur poursuite ou,
pour mieux dire, les accompagnant comme plusieurs cétacés, ou
certains gros poissons, accompagnent les innombrables bandes
émigrantes de harengs. Leur vol, soutenu et rapide,’ se plie à
toutes les exigences des diverses circonstances dans lesquelles ils
setrouvént. Ainsi, le plus souvent, c’est en planant longtemps et
en décrivant des cercles du haut des airs, au-dessus de l’oiseau
objet de leur convoitise, qu’ils le forcent à s’abaisser graduellement,
en rétrécissant insensiblement le cercle de leurs circonvolutions
ou spirales, jusqu’à ce que, l’animal étourdi et réfugié
timidement sur la terre, ils s’abattent sur lui, comme un trait, et
l’enlèvent.
La famille a été divisée en une infinité de groupes : Iéracide,
Jeraçidea; Diodon, Harpagus; Gerfaut, Uierofalco; Faucon, Falco;