
grands bois noirs de ces contrées. Elle se montre donc, sous ce
rapport,"véritablement accipitrine, dans toute l’acception du
mot, ainsi que la dénommait Pallas.
A l’époque de la pariade, elle fait entendre un cri qui a
quelque- rapport avec celui de la chèvre; ce qui lui a valu, dansles
environs de Barcelonnette, le nom de Chèvre sauvage.
Sa nourriture se compose en grande partie de campagnols et
de mulots, qu’elle cherche dans les clairières et sur les lisières
des bois. Dans la chasse qu’elle leur fait, elle devient quelquefois
victime de son naturel rapace, en se prenant d’une façon assez
singulière aux pièges que les pâtres et les habitants de la campagne
dressent aux Grives et aux Merles. Les fruits et les baies,
que l’on place dans ces pièges comme appât, y attirent les mulots
et les campagnols. Or, il est à croire que c’est pendant que l’un
de ces mammifères se repaît de ces fruits, que la Chouette
Tengmalm, qui le guettait peut-être, fond dessus et contribue à
détendre le piège qui s’abat en même temps et sur elle et sur
la proie qu’elle convoitait. La plupart des sujets que s’est procurés
l’abbé Caire, à qui l’on doit ces renseignements, ont toujours
été pris de la sorte.
Cette Chouette offre cette particularité, de joindre à son alimentation
les mollusques terrestres. C’est ainsi qu’elle se nourrit
non seulement d’insectes, surtout de carabiques, de sauterelles,
de sphinxs, de phalènes et d’autres gros papillons crépusculaires
et nocturnes, mais en outre de lézards et de limaces qu’elle
cherche à terre , parmi les herbes , les buissons et les pierres.
Quand elle ne trouve pas sa subsistance dans les bois, elle en sort,
vers le milieu du crépuscule, pour se répandre dans les champs,
les prairies et les marécages, où elle vit, en outre, de petites Grenouilles
et de leur frai, de musaraignes et de mollusques terrestres
auxquels ' viennent s’ajouter les petits oiseaux qu’elle
trouve endormis.
Elle s’habitue assez facilement à l’état domestique et paraît
avoir le naturel très doux et l’humeur joviale. M. Bailly raconte
que M. Thabuis en nourrissait une à Moutiers, en 1852, qui préLES
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férait à la viande crue les hélices pomatiques et de jardin ainsi que
divers autres mollusques de terre.
PL. 46. § i CHOUETTE CHEVÊCHE.
Ulula m inor (O. des Murs||r-^ Noctua mmor (Brîsâ.).
Mâle adulte : en dessus, brun roussâtre lavé de gris, varié de
taches blanches ponctuées sur la tête, arrondies sur le dos et les
scapulaires, où elles occupent l’extrémité des plumes, figurant
un miroir de trois bandes sur les rémiges secondaires, et bordant
le côté externe des primaires qui atteignent presque l’extrémité
de la queue ; celle-ci, qui est courte et carrée, barrée de
trois bandes blanches ; disque facial à fond blanc grisâtre, nuancé
de fauve au sommet, avec un cercle également fauve sous les
yeux ; en dessous,.blanc sale, écaillé et strié largement de brun
clair ; tarses ét pieds, emplumés seulement jusqu’à la dernière
articulation, d’un blanc grisâtre. Bec, iris et les trois squamelles.
de la dernière phalange des doigts, jaunes, ongles noirs. Taille :
vingt-quatre centimètres.
C’est le type du groupe générique Noctua de Savigny. '
Habite l’Europe, l’Asie occidentale et l’Afrique; commune
partout, en France, en Allemagne, en Hollande et en Savoie ;
rare, en Suisse.
Se tient rarement dans les bois. Son domicile ordinaire est
dans les masures écartées des lieux peuplés, dans les carrières,
dans les ruines des anciens édifices abandonnés, dans les vastes
hangars des églises et des couvents; aussi est-elle un des hôtes
les plus fidèles de nos'ruines de Saint-Jean. C’est là qu’elle passe
la plus grande partie de sa vie, c’est là qu’elle s’apparie aussitôt
après le froid et qu’elle se propage ; elle pond quatre à cinq oeufs,
qui mesurent trois centimètres sur deux et demi.
En Afrique, d’après Loche, elle niche dans les trous des, ro-
chers et des berges des rivières.
Elle n’est absolument pas, ainsi que l’observe Buffon, oiseau
de nuit; elle voit, pendant le jour, beaucoup mieux que la plu