victime a aussi son instinct craintif, qui lui révèle rapproche de
l’ennemi et le moyen de parer ses attaques. Les moutons se
serrent les uns contre les autres en troupe compacte, les brebis-
autour de leurs agneaux ; et s’ils ont pu se réfugier sous un
arbre, contre une haie ou sur le revers d’une colline, et, qu’ils se
sentent dans une position avantageuse, ils s’animent de courage
et d’espérance. Dans ce cas, l’Aigle ne songe nullement à attaquer,
surtout si le troupeau est sous la garde d’un homme ou
près de son habitation. A moins que, comme cela est arrivé, il
ne se trouve associé à d’autres Aigles, pour attaquer à frais
communs des moutons et des chèvres ; il est rare alors que
ces animaux leur échappent.
On a vu des Aigles tuer leur victime en la frappant d’un coup,
d’aile, et sans la toucher avec leurs serres. Beaucoup de personnes
hésitent pourtant encore à croire que ces oiseaux aient une
force suffisante pour enlever les enfants et les moutons. Si cette
accusation reposait seulement sur deux ou trois récits plus ou
moins vagues, on pourrait peut-être douter ; mais les faits sont
au contraire fort nombreux et attestés par des témoins dignes
de foi.
Le seul service que l’homme pourrait tirer de l’Aigle, serait
de l’utiliser comme pourvoyeur de gibier ; encore, son caractère
peu traitable, et le danger de ses approches pour son maître dès
qu’il a pris de la forcé et de l’âge, sans parler des inconvénients^
de sa pesanteur au poing, le rendent-ils peu propre à ce-genre
de fonctions. Aussi les anciens fauconniers en faisaient-ils très
rarement usage dans leurs chasses, n’ayant pu gagner son attachement,
ni le soumettre au travail.
On assure que les Tartares ont été plus heureux ; ils prennent
de jeunes Aiglons et les dressent à la chasse du lièvre, du renard,
de l’antilope et même du loup.
Il en est également ainsi des Kirghises, d’après les récits de
M. Atkinson, de 1858.
Educable pour la chasse, l’Aigle royal ne saurait être obstinément
rebelle à une demi-domestication. Aussi le docteur