
L E S F A L C O N ID É S OU F A U C O N S 119
Si, à présent, on fait un retour rétrospectif sur ce tableau des
oiseaux de proie diurnes, on verra qu’il ne fait que confirmer nos
prémisses , quant à leur vocation d’expurgateurs de la terre,
comme les oiseaux nageurs et de rivage nous ont montré leur
mission d’écumeurs des eaux et des marais, et les oiseaux des bois,
celle de purificateurs de l’air. Sans doute , leurs aptitudes sont
diverses ; mais qu’elles s’appliquent soit à des proies inertes, soit
à des proies vivantes, soit à des êtres microscopiques, ils n’en
contribuent pas moins, dans leur vigilance incessante, à débarrasser
l’homme, en puissants auxiliaires, des miasmes délétères
des unes et du contact importun ou nuisible des autres. Qu’à côté
de ces véritables services qu’ils lui rendent, on les voie parfois
empiéter sur ses prétendus droits, en s’attaquant à ce qu’il appelle
son gibier à plumes et à poils, ainsi qu’à ses récoltes de grains
et de fruits; ce n’est, après tout, qu’un partage, ou plutôt une
prime qu’il faut bien leur reconnaître le droit de prélever à titre
de récompense pour l’exact accomplissement de leur oeuvre.
Est-ce à dire que nous soyons assez optismiste ou exclusif
pour que nous veuillons mettre ces oiseaux sous le patronage
d’une loi protectrice quelconque? Pas le moins du monde : nous
ne dirons pas davantage qu’on doive, d’une manière absolue, ni
les détruire, ni les protéger. L’homme aura beau faire : sans
doute, il en diminuera le nombre, à sa fantaisie, dans certaines
localités ; mais leur énorme multiplication, qu’attestent leurs
populeuses migrations du Bosphore, quant à ceux de l’ancien
monde, contribuera toujours beaucoup plus à leur conservation,
que tout l’effort de l’homme à leur extermination. Car il est,
dans la nature, une loi dont ils ne sont que l’éloquente confirmation
et qu’on ne peut méconnaître : c’est cette admirable pondération
des pouvoirs entre ses agents du mal et ses agents du
bien, si l’on peut s’exprimer ainsi, qui concerne, la conservation
ou la destruction des espèces, pondération qui est telle que, tout
compte fait, la balance, que nous qualifierions de providentielle,
demeure sans cesse en équilibre. Que les contempteurs ou les
détracteurs de l’utilité des Rapaces diurnes se le disent !