
Hautes-Alpes et, lors de son passage en automne, dans notre
département d’Eure-et-Loir, où elle niche cependant quelquefois;
plus rare dans le Jura que dans les Alpes; là, dit.M. de
Tschudi, elle habite les avant-fnonts de la vallée du Rhin et de
l’Appenzell, les forêts de sapins de l’Emmenthal, les bords du
lac dé Brienz, la vallée de Frutigen, le pays des glacis et les
vallées moyennes des Grisons; très rare en Hollande ; enfin en
grand nombre dans les passages du Bosphore.
Bien que Belon dise : « qu’il n’y a petit berger, dans la
Limagne, qui ne sache connaître la Bondrée et la prendre par
engin avec des grenouilles, quelquefois aussi aux gluaux, et
souvent au lacet, » il n’en est pas moins vrai qu’elle est encore,
aujourd’hui comme au temps de Bufîon, plus rare en France
que la Buse ordinaire.
L’aire de la Bondrée, partout ailleurs où elle niche, comme
dans les Alpes ou en Savoie, est construite sur des sapins ou
autres arbres élevés, ou sur un épais buisson situé entre les
fentes des rochers. Cette aire est construite avec des petites
branches, et garnie en dedans avec des racines; des feuilles
sèches et de la laine ; elle s’établit même quelquefois dans des
nids étrangers : on en a trouvé dans un vieux nid de Milan.
L’oiseau y pond rarement plus de deux oeufs, parfois trois, à
fond jaune ou jaunâtre, avec des taches , d’un brun roussâtre ou
rougeâtre, et le plus souvent si nombreuses qu’elles semblent
n’en faire qu’une et recouvrent entièrement la coquille. Ges
oeufs mesurent cinq centimètres sur quatre et demi ; mais généralement
ce sont les plus petits de ceux que pondent les Buses.
Sa nourriture est aussi multiple que celle de ses congénères.
Un nid contenant deux oeufs couvés, que Gerbe a eu occasion de
voir, était garni, sur ses bords, entre autres animaux, d’un
petit canard et d’un poisson, encore entiers, mais en voie de
décomposition. Elle y joint de grosses chenilles rases ou velues,
des chrysalides, des scarabées, des souris, des lézards, des
limaces. Si même, comme le dit M. de Tschudi, elle avale des
fruits et de jeunes épis, et dévaste les nids des petits oiseaux,
dont elle mange les oeufs ; si enfin elle poursuit les volailles et,
dans les pays bas des Alpes, elle fait de grands ravages parmi
les Bécassines’ et les Vanneaux, elle aime par-dessus tout les
guêpes dont on voit toujours des débris et des tronçons autour
des petits encore au nid. M. Alléon a presque toujours trouvé,
dans l’estomac des Bondrées qu’il a tuées au mois de septembre,
en Turquie, deux ou trois décilitres de guêpes, sans mélange,
dans ce cas particulier, d’aucune autre nourriture, ce qui prouve
que ces insectes forment leur alimentation de prédilection ; elles
n’ont pas même le défaut d’attaquer les abeilles, car dans les
litres de guêpes qui sont passées sous ses yeux, il n’én a jamais
découvert une seule.
3' FAMILLE
MILVINÉS ou MILANS. — Milvinæ.
Caractères généraux presque les mêmes que pour la famille
précédente. Ils ne s’en distinguent particulièrement que par les
formes du corps plus élégantes, plus sveltes et plus élancées ; par
des ailes plus longues et plus pointues, la quatrième rémige dépassant
les autres ; par une queue très fourchue ; par des tarses
réticulés en arrière et écussonnés en devant sur toute leur surface,
ainsi que les doigts en entier à partir de leur base.
Ce sont les plus voraces et les plus hardis de tous les oiseaux
de proie.
La famille a été divisée, dans l’ordre de la série, en quatre
groupes génériques : Milan, Milvus • Naucler, lV««c?mis;Elanion,
Elanus j et Ictinie, Ictinii} ; formant ensemble une quinzaine
d’espèces réparties sur tout le globe ; le premier groupe seul est
représenté en Europe.