
Le pied de l’oiseau percheur a tout juste la force nécessaire
pour le soutenir sur la branche et sa fonction se réduit presque
à cette sorte de support. Le pied de l’oiseau grimpeur, pour
être chargé d’un service plus pénible, n’a guère été plus largement
doté de la facülté de saisir, sauf la courbure plus prononcée
des ongles. Le pied va bien toujours se raffinant dans ces deux
divisions d’un même ordre, quoique la fonction industrielle y soit
encore quasi exclusivement exercée par le bec. Mais c’est surtout
dans le nouvel ordre que la tendance du pied à se rapprocher
du modèle de la main humaine apparaît d’une façon visible.
Le Rapace frappe et assomme de son poing fermé, comme nous ;
de ses serres, il empoigne, il appréhende sa proie, il poignarde,
il étouffe ; il transporte d’énormes fardeaux à de grandes hauteurs,
à des distances immenses. Son pied est une main véritable,
et qui porte ce nom dans le poétique vocabulaire de la fauconnerie.
Nous aurons tout dit sur les caractères physiques généraux
des oiseaux de proie, en ajoutant que, chez eux, la base du bec
est recouverte, comme chez les Perroquets , d’une membrane,.
connue sous le nom de cire, coloriée le plus souvent en jaune,
parfois en bleu, et plus rarement en rouge ; que tous n’ont pas le
bec exclusivement destiné à déchirer les chairs, puisqu’un certain
nombre vivent d’insectes ; qu’ils ont les yeux plus grands, plus
enfoncés dans l’orbite que les autres oiseaux, et que ces organes
sont protégés par une saillie que. forme l’arcade sourcilière ;
qu’enfin les yeux sont pourvus d’une membrane nyctitante, dont
nous avons parlé dans'nos généralités d’introduction, et leur
texture est plus solide. C’est à cette conformation que ces oiseaux
doivent une vue plus perçante, plus longue et plus sûre.
Suivant que ces différentes parties sont plus avantageusement
conformées, le Rapace attaque plus facilement et triomphe plus
certainement d’une proie plus puissante; et le courage dont nous
lui faisons honneur n’est, selon la juste expression de Mauduyt,
que la conséquence d’une organisation plus heureuse.
C’est la différence dans la structure des pennes des ailes qui
fait que certains oiseaux de proie s’élèvent dans les hautes ré gions,
tandis que d’autres ne peuvent pas en volant atteindre à de
si grandes hauteurs : les premiers sont ceux qu’on appelle, en
fauconnerie, oiseau de haut vol, et les seconds, ceux auxquels on
donne le nom d’oiseau de bas vol. Suivant la conformation de la
serre, ces mêmes oiseaux ont aussi plus ou moins d’avantages
pour combattre, saisir et terrasser leur proie, et les fauconniers
appellent oiseaux nobles ceux qui ont des doigts longs et déliés, et
oiseaux ignobles ceux qui les ont proportionnellement plus courts
et plus massifs;; division que n’admet pasdal science et que les
faits infirment bien souvent.
Chez tous,: les doigts, au nombre de quatre, sont unis à leur
base par un repli membraneux et terminés par des ongles, ou
serres, arqués, le plus souvent rétractiles, et aussi robustes qu acérés
; en outre, le- doigt externe, presque toujours vertical ou à
angle droit avec les deux autreé antérieurs;: est susceptible de se
reporter presque entièrement en arrière,, comme chez lesZygo-
dactyles.
Les oiseaux de proie, aecipitres ou rapaces, qui répondent,
dans la classe des oiseaux, aux animaux carnassiers de la classe
des mammifères, et comme Ceux-Ci se nourrissent de chair, ont
l’estomac moins compliqué et les intestins plus courts que chez
les granivores et les herbivores.
Le plumage de presque tous ces oiseaux, à quelque groupe
qu’ils appartiennent, à un fort petit nombre d’exceptions près,
n’offre, dans tous les pays, que des couleurs sombres, dont le
brun et le gris sont les plus ordinaires. Ils n’ont point de chant ;
leur voix n’est qu’un son rauque, aigu ou plaintif, ou bien un
véritable japement. Leur extérieur est triste et sombre ; ils n ont
rien des grâces et de la vivacité des autres oiseaux, quoique plusieurs,
dans d’assez belles proportions, aient le port noble et fier;
ils ne se mettent en mouvement que pour découvrir et poursuivre
leur proie. Ils vivent de celles qu’ils chassent dans les airs, sur
le bord des eaux, et plus rarement de charognes et d’immondices;
on les rencontre peu en troupes. Quand ils sont repus, ils demeu