
C’est cette lâcheté qui donnait tant d’attraits autrefois à la
chasse au vol de ce Milan, appelé royal, comme réservé aux seuls
exercices des princes. On voit en effet avec plaisir, ainsi que le
dit Buffon, cet oiseau lâche, quoique doué de toutes les facultés
qui devraient lui donner du courage, ne manquant ni d’armes, ni
de force, ni de légèreté, refuser de combattre et fuir devant
l’Epervier, beaucoup plus petit que lui, toujours en tournoyant et
s’élevant, comme pour se cacher dans les nues, jusqu’à ce que
celui-ci l’atteigne, le rabatte à coups d’ailes, de serres et de bec,
et le ramène à terre moins blessé que battu, et plus vaincu par
la peur que par la force de son ennemi.
Avec tous ses défauts positifs et ses qualités négatives, le Milan
royal s’accommode assez de l’état domestique. Comme il est
sans malice, quand on l’a élevé jeune, il y plairait, s’il ne poussait
pas fréquemment des cris plaintifs qui fatiguent les personnes
à portée de les entendre. Il se tait quand on l’enferme avec
d’autres Rapaces plus dangereux que lui et, fidèle à son système
de prudence, sait se tenir à l’abri de leurs attaquqs, en se postant
au-dessus d’eux et sur le juchoir le plus élevé.
PL. 20. — MILAN NOIR.
M'ilvus nigér (Brisson).
Mâle adulte : en dessus d’un gris brun très foncé ; tête et cou
d’un gris blanchâtre strié de brun au milieu de chaque plume ;
en dessous, d’un brun roussâtre rayé de brun noir ; rémiges
noires ; queue couleur du manteau, traversée de bandes plus
foncées. Bec noir en dessus, couleur de corne en dessous ; iris
brun noir ; cire et pieds jaunes. Taille : cinquante-cinq centimètres.
Habite l’Europe, l’Asie et l’Afrique; commun au midi de la
Russie et dans la Turquie d’Europe, centre de ses migrations; se
reproduit en France dans divers départements de l’est et du sud.
Niche sur les arbres et dans les rochers, mais plus fréquem