
DES O I S E A U X DE P A R A D I S. «7
L E G R A N D C A L I B É ou C A L I f S É BRUYANT.
( N° 24. )
IL s'agit ici d'une espece fort rare qui réunit dans la construction de son
bec et de ses pieds absolument toutes les formes de ces parties du calibé
de l'article précédent, et que nous avons été déterminés par cette raison
à décrire à la suite de ce dernier sous le nom de grand calibé, parcequ'en
effet il a la taille beaucoup plus forte que lui, ou à-peu-près celle de notre
corneille vulgaire. L'espece du grand calibé se distingue encore du petit
calibé par des attributs qui lui sont propres et qui la caractérisent d'une
maniéré précise: ellea, par exemple, la queue carrément coupée, c'est-à-dire
que les pennes de celle-ci sont toutes égales entre elles; et, si pour spécifier
un oiseau on peut admettre les caractères négatifs, nous ajouterons que le
grand calibé n'a point de plumes épaisses de la nature du velours.
Quant à ses couleurs, elles sont aussi simples que celles de l'autre espece
sont brillantes; un noir brun, grisâtre, plus foncé sur les parties supérieures
du corps que sur les inférieures, se trouve un peu relevé chez lui par une
large tache blanche, qu'on remarque sur les preinieres grandes pennes des
ailes ; la queue est blanche à sa naissance, noire ensuite, et terminée par
un frangé blanc de toutes ses pennes; les pieds, recouverts de grandes
écailles, sont noirs; le bec est blanc à sa pointe, et noir dans le reste.
Celte espece habite la Nouvelle-Hollande : nous avons à Paris deux de
ses individus , dont l'un est au cabinet national, et a été donné par l'illustre
M. Banks l'autre fait partie du cabinet de M. Dufrene.
Latham, qui a décrit notre grand calibé sous le nom de coracias strepera,
le range parmi les rolliers, avec lesquels il est trop facile de voir qu'il n'a
aucune analogie; aussi Dandin, quoiqu'il ne décrive le même oiseau que
d'après le naturaliste Anglois, a-t-il préféré avec raison d'en faire un genre
distinct qui ne consiste qu'en cette seule espece, qu'il nomme réveilleur de
l'isle Norfolk: ces surnoms de strepera (bruyant) ou de réveilleur tiennent
aux habitudes de cet oiseau qui, dit-on, quoique de moeurs douces, n'en
passe pas moins les nuits à s'agiter, et à pousser des cris qui interrompent
le sommeil des hommes et des animaux: il est propable cependant que ces
agitations et ces cris nocturnes n'ont lieu que pendant le temps des amours
seulement; comme cela arrive à tous les animaux diurnes qui passent les
nuits à chanter ou à crier.
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