
DES ROLLIERS. 91
bordure qu'à leur pointe, et que cette bordure est noir-brun. Ce dernier
a aussi, comme nous l'avons dit en son lieu, le croupion et les
couvertures du dessus de la queue bleus; tandis que le rollier vulgaire
n'a que le croupion de bleu, puisque les couvertures supérieures de sa
queue sont vertes ; d'autres différences dans la queue sont que cette
partie chez le rollier vulgaire a beaucoup moins de bleu et plus de verd
aigue-marine en-dessus que chez le rollier à longs brins, les deux pennes
intermédiaires étant dans le premier d'un verd terne, roussâtre, ou olive.
Toutes les latérales, qui dans leur milieu sont du même verd que chez
l'autre oiseau, n'ont du verd aigue-marine qu'à leur extrémité, avec une
légère nuance bleue sur les bords extérieurs des plus latérales de ces
pennes, et du bleu foncé à la pointe de la derniere de chaque côté, qui
débordent de quelques lignes seulement celles qui les précèdent: ces deux
pointes débordant un peu les autres pennes de la queue, montrent à la
vérité dans le rollier vulgaire une sorte de tendance à s'étendre davantage
et à former des brins alongés comme ceux du rollier que nous avons
nommé à longs brins à cause de ce caractere; mais on conviendra qu'il y
a une grande différence à l'égard de ce prolongement dans ces deux
oiseaux. On a pensé, on a même pu croire que la chaleur du climat pouvoit
produire cette extension extraordinaire; mais si cela étoit, pourquoi
en Italie, en Espagne, où le rollier vulgaire se trouve, les individus de
cette espece qu'on en apporte n'ont-ils pas les deux plumes latérales de
leur queue plus longues que les individus qui nous viennent du nord
de l'Europe? pourquoi les individus de cette même espece qui habitent les
Indes orientales, où il fait aussi chaud qu'en Afrique, n'ont-ils pas plus
de prolongement à la queue que ceux qui vivent dans le nord et dans le
midi de l'Europe? De sept rolliers vulgaires que j'ai eus de M. Temminck,
d'Amsterdam, qui les avoit reçus des Indes orientales dans l'esprit-de-vin,
et qu'il eut la bonté de m'envoyer à Paris, aucun n'avoit la queue plus
prolongée que ceux qu'on trouve en Europe: la chaleur n'influe donc en
rien sur l'extension des plumes d'un oiseau: ce qui le prouve encore c'est
que les perruches à longue queue, qu'on nous apporte des pays chauds,
bien loin de perdre à la longue quelque chose à cet égard, y gagnent au
contraire. Cependant, si toutes les différences que nous venons d'indiquer
entre le rollier à longs brins et le rollier vulgaire ne peuvent constituer
deux especes, en voici une dans la forme des ailes, qui a échappé à tous les
naturalistes, et qui peut-être les déterminera à séparer ces deux oiseaux:
chez le rollier à longs brins la premiere grande penne des ailes est un
peu plus courte que les seconde et troisième, qui sont égales entre elles;
la quatrième est un peu plus courte que celles-ci, la cinquième et les
suivantes décroissent également un peu jusqu'à la neuvieme; après quoi
les autres sont toutes absolument égales entre elles; de sorte que le derrière
des ailes se trouve coupé carrément chez ce rollier. Chez l'autre les