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DES O I S E A U X DE PARADIS. I5
L E N É B U L E U X .
( N° [6 ET IY. )
L'ESPECE que nous nommons ainsi, par allusion à la blancheur de ses
plumes d'ornement, mérite sans contredit de tenir un des premiers rangs
parmi les oiseaux que la nature a plus particulièrement favorisés en les
pourvoyant de ces plumes surabondantes qu'ils ont la faculté detaler pour
s'en faire une parure, et dont nous avons déjà eu bien des fois occasion de
parler. Celles de ces plumes que porte l'oiseau que nous allons décrire
nous ont aussi engagé à le mettre au nombre des oiseaux de paradis, sans
cependant que nous le donnions pour appartenir à leur genre, quoique,
s'il étoit vrai que les filets en fussent seuls le caractere distinctif, il ne fût
pas douteux qu'il n'y appartînt plutôt qu'aucune des especes que nous en
connoissions, puisqu'il porte neuf de ces filets, et peut-être un plus grand
nombre; car par leur forme entortillée et la place qu'ils occupent l'oiseau
se trouve souvent exposé à en perdre en volant à travers les arbres, aux
branches desquels ils doivent être sujets à s'accrocher, et par-là à se déraciner.
Cette supposition a même fait que nous n'avons pas donné à cet
oiseau le nom de neufilet, préférable à tous égards à celui par lequel nous
le désignons ici, et qu'on pourra lui rendre, si l'on parvient à connoître
plusieurs individus de son espece, et qu'il soit constaté que ce nombre
de filets est le même chez tous; ce dont nous avons plusieurs raisons de
douter, d'abord parceque nous avons vu à La Haye, dans le cabinet de
M.Carbintus, les débris d'un oiseau, à la vérité sans tète, ni ailes, ni pieds,
mais qui ne nous en a pas moins paru appartenir à cette même espece par
ses filets et ses longues plumes blanches sans filets : or les filets étoie'nt au
nombre de dix chez cet individu. De plus nous voyons dans les Voyages du
capitaine Forrest, où l'on a rapporté les notices vagues de Yalentin sur les
oiseaux de paradis, que ce dernier auteur parle de deux oiseaux, dont l'un
porteroit douze filets, et l'autre douze à treize, dit-il; et comme la notice
qu'il en donne se rapporte d'ailleurs en gros à notre oiseau, il pourroit bien
se faire qu'il y fût aussi question de la même espece, et par conséquent
qu'elle eût eu là plus de filets que nous ne lui en trouvons ici, en supposant
toutefois que Yalentin eût bien compté ceux des individus dont il fait
mention ; ce que l'indication vague de douze à treize ne suppose pas.
D'ailleurs les descriptions de cet auteur sont toutes remarquables par la