
porte qu'il se nourrit de fruits , et qu'il niche sur les arbres ; d'autres
veulent qu'il niche sous terre, et qu'il ne vive que d'insectes : tout est
contradiction à ces différents égards. Mais qui faut-il donc croire? Je
ne saurais trop le répéter; le mieux est d'attendre dans ces sortes de
cas les renseignements de quelque observateur qui aura étudié par luimême
l'espece dans son pays natal. Je n'ai jamais vu le momot vivant;
cependant je suis persuadé d'avance, par la nature seule de ses plumes
pleines et moelleuses, qu'il vit de fruits beaucoup plus que d'insectes ;
je crois aussi, comme je l'ai déjà dit, que lebarbement des deux pennes
intermédiaires de sa queue n'est dû qu'à ses habitudes, puisque jeune
ou adulte, venant de muer, ces deux mêmes pennes ont toutes leurs
barbes. On voit par la figure de notre planche n° 38 un inomol qui
a ces deux plumes entieres ; mais l'individu qu'elle représente est encore
dans le jeune âge : on reconnoît l'oiseau à cet âge, en ce qu'il n'a point
sur la poitrine ce petit bouquet de plumes noires qu'il porte lorsqu'il
est adulte. La couleur du jeune momot est aussi plus roussâtre sur le
cou , la poitrine , et tout le dessous du corps , que celle du momot
adulte. L'oiseau a sur le sommet de la tête une calotte noire lustrée de
verd, et entourée de plumes verd aigue-marine, qui sur le front forment
un large bandeau de cette couleur ; le bandeau se partageant ensuite de
chaque côté en deux branches, dont chacune d'elles passe au-dessus des
yeux, où elles prennent une nuance bleue, elles terminent par derriere,
où en se réunissant elles deviennent d'un beau bleu d'outre-mer violacé;
ce qui forme à l'oiseau une belle couronne dont le centre est noir. Les
plumes de toute cette partie de la couronne et du sommet de la tète étant
fort longues doivent former une belle huppe à l'oiseau lorsqu'il les redresse;
ce dont il a certainement la faculté. Les petites plumes de la base du bec,
celles qui couvrent l'espace compris entre les narines et les yeux, celles du
tour des yeux eux-mêmes, sont d'un noir foncé. De la base de la mandibule
inférieure de chaque côté de la bouche part une espece de moustache noire,
qui, passant sous les yeux, s'y confond avec le noir qui les entoure, et s'étend
ensuite en pointe jusqu'aux oreilles; mais cette partie des moustaches
se trouve relevée par un liséré verd aigue-marine qui en dessine agréablement
les bords extérieurs. Le derriere du cou, immédiatement après
le bleu de l'occiput, est d'un roux marron qui, se mêlant toujours da
vantage de verd à mesure qu'il approche du manteau , devient sur ce
dernier, ainsi que sur le dos, le croupion, toutes les couvertures supérieures
des ailes, et toutes les barbes extérieures de leurs pennes, d'un
beau verd plein plus ou moins éclatant , suivant les différents aspects.
Les couvertures du dessus de la queue, le milieu de celle-ci, et les
plumes des jambes sont de ce même verd. Les grandes pennes des ailes,
les bords des pennes latérales de la queue, et le bout de celles de sou
milieu, terminées par une bande noire, sont en dessus d'un riche bleu.
Le revers de la queue est d'un noir glacé, et comme croisé par des lignes
plus foncées, qui disparoissent à certain jour. La gorge, le devant et les
côtés du cou, la poitrine, les flancs, le ventre, et les couvertures du
dessous de la queue sont d'un verd fondu dans du roux, et de maniéré
que cette couleur paroît ou plus roussâtre ou plus verte, suivant les
incidences de la lumiere. Il sort du milieu du cou quatre plumes effdées
noires, bordées de verd aigue-marine, qui, tombant en épi sur la poitrine,
y forment un ornement fort agréable. Le bec, à l'exception d'un
liséré blanchâtre qui se trouve au-dessous de sa base, est, ainsi que les
ongles, d'un noir de corne. Les doigts et les tarses sont brunâtres. Nous
ne connoissons pas la couleur des yeux, que nous avons supposés jaunebrun.
Le revers des ailes enfin est d'un noir glacé de gris blanchâtre
sur les pennes, et d'un verd roux sur les couvertures.
Tel est le momot parvenu dans son état parfait, et que nous représentons
de grandeur naturelle nu de nos planches. L'individu figuré
n° 38 est indubitablement dans le jeune âge encore ; état que nous lui
avons reconnu aux caractères non équivoques que nous avons indiqués
nombre de fois ailleurs. Dans cet état l'oiseau est donc, comme on le
voit bien, plus petit que les momots adultes, et manque des quatre
plumes noires en épi qui ornent la poitrine de ces derniers ; sa couleur
verte est aussi généralement plus mêlée de roux, sur-tout le dessous du
corps ; et les deux pennes intermédiaires de la queue n'ont point de
partie ébarbée : mais on remarque que dans ce même endroit des deux
pennes intermédiaires de la queue , où clans les individus adultes les
barbes ont disparu, il y a dans les jeunes une espece d'étranglement
naturel; je dis naturel, pareeque cet étranglement n'est point l'effet d'un
commencement de dégradation , ce que j'ai bien reconnu en examinant
avec la loupe onze individus dans le même état de jeunesse que celui
dont il est ici question.
J'ai vu aussi trois individus adultes du momot, mais qui étoient encore
dans la mue lorsqu'ils furent tués, puisque la plus grande partie
de leurs plumes étoient encore enveloppées dans leur tuyau, notamment
toutes celles de la queue, qui n'avoit pas la moitié de la longueur qu'elle
devoit avoir. Ces trois individus adultes et en mue avoient tous les deux
pennes intermédiaires de leur queue entieres et étranglées aussi dans la
partie qui d'ordinaire s'ébarbe. D'après ces derniers faits il est évident
que l'ébarbement des deux pennes intermédiaires de la queue du momot
n'est point naturel ; c'est-à-dire que les barbes de la partie de ces deux
pennes dont il s'agit ne tombent point d'elles-mêmes comme tombe le
duvet de la tête des vautours, que la nature a destinés à avoir cette partie
nue, ni comme se détachent les plumes de la tête et du haut du cou des
dindons, cpii en naissant ont ces parties recouvertes d'un duvet, et que
vieux ils ont nues et rouges. II ne peut donc y avoir de doute que ce
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