L E P E U T R O L L E V I O L E T.
( N° 35.' )
CE peut rallier, le plus petit de tous ceux que nous connoissions encore
ressemble tellement par ses couleurs à celui de l'article précédent, qu'il
est bien difficile, j'en conviens, de ne pas le considérer comme formant tout
au moins une seconde race de la même espeee. Nous avons cependant des
exemples d'oiseaux qui se ressemblent encore plus que ceux-ci, et qui n'en
différent pas moins, non seulement d'espece, mais même de genre. Nous
nous bornerons ici à établir les caractères respectifs de nos deux rolliers,
laissant les naturalistes décider eux-mêmes si le petit rolle n'est qu'une
variété du grand, ou s'il doit être considéré comme formant une espeee
distincte: mais comme les naturalistes ne se sont pas bien expliqué jusqu'à
ce moment sur ce qu'ils entendent par variété d'une espeee, et qu'il
regne par conséquent à cet égard beaucoup de différence dans leurs opinions,
je, saisirai cette occasion pour dire ce que j'entends par seconde race
et par variété d'une espeee; je me vois même d'autant plus engagé à celte
sorte d'explication, que je me suis plus d'une fois apperçu que sur ce point
les opinions des autres netoient pas les miennes, et que pour s'accorder
il faut avant tout s'entendre.
J'entends par variété d'une espeee un individu qui, quoique de couleurs
différentes de celles propres à 1 espeee, provient cependant de cette même
espeee et a été engendré par elle; ainsi les individus tout blancs ou
tachetés de blanc, qu'on trouve souvent de toutes nos especes d'oiseaux
d'Europe, comme la pie blanche, la pie café au lait, la pie tachetée de
blanc, le geai blanc, la bécasse blanche, le merle blanc, etc., etc., tous
ces individus ne sont que des variétés de l'espece de la pic, de l'espeee du
geai, de celles de la bécasse, et du merle d'Europe, puisqu'ils proviennent
de ces mêmes cspeces, et qu'ils ont été engendrés par elles : je les appellerai
donc variétés des especes auxquelles ils appartiennent respectivement,
mais variétés accidentelles, pour les distinguer d'une sorte de variété que
nous nommons variété d'âge: celle-ci est constante, et tons les individus
d'une espèce y sont assujettis; car il n'est point d'oiseau qui dans le jeune
âge n'offre plus ou moins de différence de ce qu'il est dans l'état parfait.
Lctourneau brun, par exemple, qu'on trouve en Europe, et dont plusieurs
naturalistes ont fait une espeee différente de celui dont le plumage est
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