
L E GEAI D'EUROPE.
( N ° 4 o E T 4 I .)
L'ESPECE du geai est tellement répandue dans les diverses parties de
l'Europe et si généralement connue, qu'il suffiroit de la bonne figure de
grandeur naturelle que nous en donnons, la meilleure et la seule exacte
de toutes celles qu'on en ait publiées jusqu'à ce jour, pour que chacun
pût l'y reconnoitre du premier abord. Nous nous étendrons donc peu sur
l'histoire de cet oiseau , et cela avec d'autant plus de raison que Buffon
l'a faite de la maniéré la plus vraie, et que Sonuini de Manoncour y a
ajouté depuis des observations qui ne laissent rien à desirer.
Le geai ', oiseau ainsi nommé par allusion au cri qu'il fait dans certaines
occasions, habile les forèls et niche sur les grands arbres : son nid
est un tissu de petites racines flexibles ; il le pose assez négligemment,
mais toujours à l'insertion des premieres grosses branches; de sorte qu'il
est solidement appuyé contre le tronc de l'arbre. La ponte est de quatre,
quelquefois de cinq, rarement de six oeufs, d'un gris v.erd ponctué de
roux : le mâle partage avec sa femelle les soins de l'incubation. Cette
espece se nourrit assez indistinctement de toutes sortes de fruits, de
graines huileuses, d'insectes, et même de chair; car dans l'état de domesticité
elle avale très gloutonnement de fort gros morceaux de viande,
et dans l'état sauvage elle attaque souvent les jeunes oiseaux et les dévore.
Comme elle passe l'hiver dans le pays, et que dans cette saison elle ne
trouve pas toujours les aliments qui lui sont nécessaires, elle a la prévoyance
de faire des provisions et de les cacher dans des trous d'arbres
ou dans des terriers abandonnés. Cet instinct, qui même dans l'état de
domesticité la porte à cacher des provisions alimentaires, lui fait aussi
déplacer quantité d'objets qui ne peuvent lui être d'aucune utilité ; et
c'est de là qu'est née celte comparaison de voleur comme un geai, ou
comme une pie, car celle-ci en fait autant. Quoique les geais vivent dans
les bois, ils s'approchent souvent des habitations voisines des forêts, de
celles sur-tout autour desquelles il se trouve des noyers, car ils aiment
. ' ) Dénomination que le peuple change souvent, à l'égard des individus qu'il éleve en cage, en celle
de jaque; mot que l'oiseau exprime aussi très nettement.