
L E GEAI ORANGÉ.
( N ° 4 7 -)
CET oiseau a, par tout son ensemble et tous ses traits caractéristiques,
trop de rapports avec les geais à longues tarses et à queue fortement étagée
du nouveau monde pour que nous ne le rangions pas dans la même
catégorie que ces derniers. Nous le nommons geai orangé , et non ,
comme Buffon, geai de Sibérie , car l'espece n'habite pas exclusivement la
Sibérie: nous savons qu'on la trouve aussi en Pologne et dans quelques
provinces de la Stiede; il est même probable qu'elle habite une grande
partie du nord de l'Europe. La figure que Buffon a publiée de cet oiseau,
quoique défectueuse, est cependant préférable à celle tout-à-fait mauvaise
qu'on voit parmi les figures coloriées de la nouvelle édition du Buffon
par Sonini, tome 44, planche 79. C'est sans doute par erreur que
l'oiseau est encore nommé là geai de Sibérie, et surnommé blanche coiffe,
surnom qui appartient à un autre oiseau dont on trouve la figure au bas
de la même planche du même ouvrage: cependant Sonini a rapporté la
description assez exacte de l'espece du geai de Sibérie, que Mauduit, qui
possédoil un bel individu de cette espece, avoit publiée dans l'Encyclopédie
méthodique. Cette description Buffon n'avoit sans doute pas jugé
nécessaire de la donner; car il s'étoit contenté de renvoyer à la figure
enluminée de son ouvrage qui étoit censée représenter l'oiseau. Il me
paroitroit raisonnable que dans des cas semblables un auteur s'assurât
du moins de l'exactitude des figures qu'il publie.
Nous avons figuré de grandeur naturelle l'oiseau dont il est ici question,
et que nous nommons geai orangé: on verra par cette figure que je n'ai
pas trouvé à l'oiseau les dix pouces de longueur que lui avoit donnés Mauduit
d'après l'individu qui faisoit partie de ses collections. Il n'y a pas
beaucoup à se fier en général aux mesures prises sur des oiseaux empaillés:
nous en avons déjà dit la raison, c'est qu'il est très facile en les empaillant
de raccourcir ou d'alonger les oiseaux , cela dépend entièrement
de la maniéré d'opérer dans cet art; si l'on ne bourre pas assez, l'oiseau
s'alonge nécessairement; si l'on bourre trop, il se raccourcit. La tète du
geai orangé est largemen l emplumée, ce qui forme à l'oiseau une sorte
de huppe dont la couleur est d'un brun gris roussâtre; le front, les joues,
la face et la gorge sont d'un blanc sale; le derrière du cou, les seapulaires,