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( N° 12 ËT 13. )
PARMI les nombreuses espeees d'oiseaux que la nature semble avoir pris
plaisir à parer d'une maniéré plus particulière, celui-ci se distingue éminemment
par le luxe de son plumage velouté, sur lequel on voit briller et
se jouer tour-à-tour, suivant les incidences de la lumiere, les couleurs et le
chatoiement radieux de toutes les pierres précieuses ou des métaux polis,
et dont les différentes nuances tranchent avec d'autant plus d'éclat, qu'elles
ressortent toutes sur la teinte sombre qui les environne de toutes parts:
ce plumage enfin présente sur la poitrine de l'oiseau l'image fidele d'un feu
étincelant, qui, du sein des lénebres, fait jaillir ses rayons diversement
colorés.
Le bel oiseau que nous allons décrire, méconnu par tous les naturalistes
qui en ont parlé jusqu'ici, n'appartient pas plus au genre de l'oiseau de
paradis émeraude qu'à celui du manucode ou du magnifique; mais cela n'a
pas empêché les méthodistes de le placer sans aucune restriction dans l'un
ou dans l'autre de ces genres: c'est que les individus qu'ils avoient vus du
sifilet avoient subi les mêmes mutilations que ceux qu'ils avoient vus de
ces autres oiseaux, et qu'ils présentoient comme eux en apparence des caractères
qu'on leur a mal-à-propos attribués à tous indistinctement. Aussi
les figures qu'on a publiées du sifilet portent-elles toutes l'empreinte de
cet état de dégradation où se trouvoient les individus qu'elles représentent.
Quant à moi, je ne vois clans cet oiseau qu'un geai paré d'une maniéré
extraordinaire par les mains libérales de la nature; il est du moins certain
que l'ensemble de ses formes offre par-tout les traits caractéristiques de ce
genre d'oiseaux, dont les espeees différent autant les unes des autres que
celle dont il est ici question diffère d'elles, si l'on Youloit s'en tenir à ces
traits arbitraires désignés par nos classificateurs, et qui s'appliquent indistinctement
à toutes les espeees du même genre; comme si la nature avoit
réellement procédé, le compas à la main, à la formation de tous les êtres
qu'elle a destinés à remplir les mêmes fonctions; seule connoissance qu'il
faille avoir, je le dis encore, pour déterminer ce qu'ils sont dans l'ordre
qu'elle a établi. Au reste, que l'on consente ou non à faire du sifilet un geai,
et même, si l'on veut, un geai de paradis; qu'on s'obstine à vouloir qu'il
soit un oiseau de paradis du genre de tous ceux ainsi nommés, ou toute