
logistes inexpérimentés. Un naturaliste a osé avancer, d'après un individu
mutilé qu'il aura vu sans doute, que la femelle du jaseur avoit douze
pennes à la queue, et le mâle dix: cette assertion est trop ridicule pour
que nous prenions la peine de nous y arrêter; on peut au surplus consulter
Buffon , art. du jaseur, si l'on veut avoir tout ce qui a été dit sur cet
oiseau, quoiqu'on n'ait encore rien dit de satisfaisant sur ses moeurs, ses
habitudes, etc., ce qu'il seroit cependant bien intéressant de connoître
pour compléter son histoire. Le jaseur voyage en troupe; mais cela arrive
généralement à tous les oiseaux erratiques, et ce n'est pas une raison pour
croire qu'il vive en société: nous savons que les cailles et beaucoup d'autres
oiseaux voyageurs qui traversent par bandes d'immenses pays ne vivent
pas pour cela eu troupes, comme les étourneaux par exemple. Ainsi,
quoique le jaseur, que nous surnommons grand, pour le distinguer du jaseur
de l'Amérique septentrionale, beaucoup plus petit que lui, et dont
nous parlerons dans l'article suivant, soit un oiseau d'Europe, nous ne
connoissons pas plus son histoire que s'il habitoit les contrées les plus
éloignées de notre continent: il faut donc encore le mettre au nombre
de ces especes presque inconnues et qui s'offrent aux observations
de quelque voyageur éclairé. Je ne vois même pas pourquoi on a donné à
cet oiseau le nom de jaseur; car quoiqu'on ail dit qu'il cliantoit très bien,
je n'ai entendu faire à l'individu de l'espece que j'ai eu vivant que les cris ,
geai, geai, gouée, gouée; enfin j'ai trouvé en tout à cet oiseau tant de rapports
avec notre geai d'Europe, que je suis étonné qu'on ait pu le séparer
de la tribu de ce dernier. Il est a croire que de tous les auteurs qui l'ont
décrit il n'en est aucun qui l'ait examiné avec attention.