
ne soit par l'effet de quelque habitude du momotque les deux pennes
intermédiaires de sa queue s'ébarbent : mais quelle est cette habitude?
c'est ce qu'assurément je saurois de la maniéré la plus positive si j'avois
été à portée d'observer l'espece dans son pays natal ; car ces sortes d'observations
sont celles qui ont toujours le plus piqué ma curiosité, par
l'attrait invincible qui me porte sans cesse à rechercher la cause des
effets dans la nature. Que je suis loin d'être entièrement satisfait à cet
égard, et combien il me reste de choses à savoir sur la foible partie de
l'histoire naturelle, qui seule a fixé mes regards!
L'espece du mornot doit être fort commune à la Guyane, car on l'a
envoyée en si grand nombre de Cayenne en Europe qu'on l'y voit dans
tous les cabinets ; aussi ai-je comparé entre eux un grand nombre de
ses individus. J'aime ces sortes de comparaisons; je ne manque jamais
de les faire toutes fois que j'en ai l'occasion , parceque je les regarde
comme le plus sûr moyen de bien connoitre les especes. Comme à l'égard
de celle du momot je n'ai pas remarqué d'autres différences entre ses
vieux et ses jeunes individus que celles que j'ai indiquées, je pense qu'il
ne doit pas y en avoir de bien sensible entre ses mâles et ses femelles:
tous les vieux momots que j'ai vus du moins étoient absolument semblables
pour les couleurs, et très certainement il y en avoit de l'un et
de l'autre sexe dans le nombre d'au moins trois cents. Quant à l'individu
adulte que j'ai figuré, je suis sûr aussi qu'il est mâle ; car l'ayant reçu
simplement desséché, mais entier, je le ramollis, et lui reconnus à la
dissection les parties internes de son sexe. A l'ouverture de l'estomac,
que je trouvai musculeux, je ne vis aucun débris quelconque d'insectes,
mais il étoit plein d'une matiere mollasse, pâteuse, qui s'étant entièrement
dissoute dans l'eau ne laissa qu'un résidu dont je ne pus déterminer
la nature.
On peut voir chez les différents auteurs qui ont parlé du momot les
genres de vie contradictoires qu'on lui a donnés: je ne connois pas assez
ses moeurs par moi-même pour rien ajouter à la description exacte que
je viens de donner de cet oiseau. Je répéterai seulement que je suis bien
persuadé que le momot ou le houlou appartient à la tribu des rollicrs
et des geais; et je conclurai que la nature lui ayant imprimé sur tout
son ensemble le sceau caractéristique de ce genre d'oiseaux, il est plus
que probable qu'elle l'a aussi destiné aux mêmes fonctions , et lui a
donné les mêmes facultés morales, modifiées sans doute pour les climats
et le sol qui le voient naître.
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