
jeunesse. J'ai examiné plus de cent cinquante individus de celte especei
clans ce nombre, je n'en ai vu que sept qui en eussent au bout de leurs
filets; et je me suis convaincu que tous ceux qui en étoient munis étoient
des oiseaux encore en mue , ou qui avoient récemment mué. On peut
se convaincre soi-même de cette vérité par l'inspection d'un de ces oiseaux
qui a fait partie de ma collection, et qu'on voit aujourd'hui au Muséum
d'histoire naturelle de Paris: il a ces palettes, mais les deux fdcts et les
subalaires n'ont point encore acquis leur dimension, et sont encore engagés
dans leur base par cette pellicule blanche qui entoure les barbes
de toutes les jeunes plumes. Je compare donc ces palettes à cette sorte
de duvet filandreux qu'on remarque sur les nouvelles plumes de tous les
oiseaux en général, et qui se détache de lui-même quand elles ont tout
leur développement.
Ce qui distingue le plus particulièrement l'espece dont nous parlons,
ce sont ces longues plumes à barbes décomposées, qui naissent sur les
flancs, dépassent la queue avec laquelle elles se confondent, et se jettent
par derrière , où elles forment par leur réunion une masse pour ainsi
dire aérienne , tant elles sont légeres et transparentes. Les naturalistes
les ont nommées subalaires parcequ'elles naissent sous les ailes : elles
s'élevent en total au nombre de plus de six cents (i), et sont de formes,
de couleurs et de nature différentes, suivant la place qu'elles occupent.
Les plus grandes ont de vingt à vingt-deux pouces de longueur, et
portent de longues barbes de la nature du duvet, et qui cllcs-mcmcs
sont autant de petites plumes dont on distingue très bien les barbilles:
leur couleur est d'un brun clair, et elles se terminent toutes par un long
filet chevelu. (Voyez la fig. D de la planche 3.) Les secondaires, qui
couvrent les premieres, sont à barbes lisses, luisantes, et d'un beau jaune
de jonquille. (Voyez fig. C de la même planche.) Les dernières enfin,
qui sont d'une même nature, et qui couvrent les secondaires, sont très
étroites et du même jaune à leurs bases, et forment chacune une pointe
d'un pourpre éclatant qui se dessine en riche bordure sur le fond jaune
sur lequel elles sont distribuées par rang de taille, les plus petites étant
placées le plus haut. (Voyez la fig. Fibid.) Toutes ces plumes subalaires
n'occupent à-peu-près qu'un espace de deux pouces quarrés sur les flancs
entre les cuisses et la poitrine : elles se trouvent pressées les unes contre
les autres, et elles sont implantées si avant qu'elles montrent, toutes, leurs
tuyaux sous la peau, qu'elles percent d'outre en outre ; ce qui prouve
qu'elles sont reçues sur un muscle extenseur qui donne à l'oiseau la
faculté de les hérisser à volonté, à la manière du paon lorsqu'il relevé
ces belles plumes de parade qu'il porte sur le croupion, et que vulgai-
( 1 ) Buffon n'en indique que quarante ou cinquante de chaque côté : j'ai eu la patience de les compter
dans cinquante individus bien entiers, à la vérité, et j'ai constamment trouvé que leur nombre s'élevoit
de chaque côte aussi de deux cent soixante à trois cent dix; ce qui est bien différent.