
L E CASSE-NOIX MALE.
(N° 55.)
Nous terminons l'histoire des oiseaux de la tribu des geais par l'espece
du casse-noix, qui, participant d'eux et des pies par ses formes et par
quelques-unes de ses habitudes, est très-propre à remplir l'intervalle qui
se trouve entre ces deux grandes familles d'oiseaux de l'ordre des corinaeés.
Le casse-noix a aussi des rapports étonnants avec notre étourneau
d'Europe ; il en a si précisément les formes, et même le plumage tacheté
de blanc, qu'on est surpris que les méthodistes n'ayent pas fait de cet
oiseau un grand étourneau. Il est bien vrai que sous le rapport des moeurs
et des habitudes le casse-noix différé , à beaucoup d'égards, des étourneaux;
mais combien de fois n'esl-il pas arrivé que cette derniere considération
n'est entrée pour rien dans les systèmes des naturalistes à méthodes
? L'espece du casse-noix a été ainsi nommée à cause de son goût
pour les noix, goût si décidé et qu'on lui connoît si généralement, qu'il
porte presque par-tout le même nom dans les différents pays d'Europe
qu'il habite ou qu'il parcourt, je dis ou qu'il parcourt, parce qu'il voyage
beaucoup, et qu'il paroit ne se fixer nulle part pour long-temps: i f fait
aussi ses courses à des époques irrégulicres ; on ne le voit même que dans
certaines saisons de l'année dans les pays qu'il visite, mais presque toujours
dans celle où les fruits qu'il recherche sont mûrs et abondants ;
connoissance qu'il ne tarde pas à acquérir : ainsi dans la Lorraine, l'Alsace,
et tout le pays Messin, où l'on trouve une grande quantité de noyers,
les casse-noix ne manquent pas d'y passer tous les ans en septembre;
mais Ion a très-bien remarqué qu'ils n'y séjournent pas et qu'ils passent
outre du moment qu'ils ont reconnu que l'année étoil mauvaise en noix;
sans doute qu'ils ne s'arrêtent ensuite que dans les cantons où ces fruits
abondent: cependant, à défaut de noix, qu'ils cassent ou plutôt qu'ils
fendent très-adroitement en introduisant dans les jointures leur bec long,
effilé, et grossissant toujours davantage vers sa base ; à défaut de noix,
disons-nous, ces oiseaux se nourrissent de diverses autres sortes de fruits,
tels qu'amandes, noisettes, pignons, glands, et même d'insectes. On a
observé aussi que dans l'état de domesticité le casse-noix avoit l'habitude
de cacher les objets qu'il pouvoit dérober; ce qui vient nécessairement de
celle qu'a cet oiseau, dans l'état naturel, de faire des provisions pour la