
quun loriot, et non un rollier , quoique Buffon l'ait nommé rollier de
paradis.
On auroit donc pu, comme je l'ai dit, réunir tous ces oiseaux sous
une seule série ; et puisqu'il falloit un nom qui tint à la superstition
pour expliquer l'histoire fabuleuse de certains de ces oiseaux , on n'eût
eu qu a conserver le nom de paradis, avec l'attention de le faire précéder
de celui du genre de chacune des especes à placer dans la série. Le
hobara , qui se distingue des autres outardes par sa belle fraise , par
exemple , se seroit nommé outarde de paradis; le faisan tricolor, faisan
de paradis, etc. etc. ; le superbe lui-même eût été nommé le troupiale
de paradis. Cette maniéré de procéder eût été d'autant plus préférable
qu'on n'auroit pas vu alors figurer dans un même genre des oiseaux aussi
différents que le sont entre eux la plupart de ceux connus sous le nom
d'oiseaux de paradis ; car chaque espece eût du inoins alors porté le
nom du genre auquel elle appartient. Nous voyons même que beaucoup de
naturalistes ont eu une certaine propension à l'adopter cette maniéré: Seba,
entre autres, a donné le nom d'oiseaux de paradis à une perruche à longue
queue, ainsi qu'au marlin-pêcheur de Ternate ; Linnée encore a donné
le nom de pie de paradis à un gobe-mouclie huppé et à longue queue,
caractères qui n'ont cependant rien de fort remarquable dans ces sortes
d'oiseaux, très éloignés, pour le luxe de parure, de ceux dont nous avons
parlé plus haut, et dont chacun, quoique d'un genre différent, se trouve
paré d'une maniéré tout aussi extraordinaire que le sont les oiseaux
de paradis proprement dits , mais qui ne peuvent pas plus pour cela être
confondus dans un seul et même genre d'oiseaux, qu'il seroit possible de
les confondre avec tant d'autres qui ne leur cedent pas en magnificence,
c'est-à-dire avec les especes dans tant d'autres genres qu'il a plu à la
nature d'embellir d'une maniéré plus ou moins extraordinaire ; car elles
existent ces especes privilégiées non seulement chez les oiseaux dont nous
venons de nommer une partie, mais même parmi les quadrupedes : telle
est, par exemple, l'espece de la gazelle du cap de Bonne-Espérance,
nommée par les colons africains pronke-boc (bouc qui se pare), parcequ'en
effet elle a la faculté de parer sa croupe en renversant sur les
côtés tous les poils roux qui la couvrent, pour ne laisser paroitre que
les poils blancs comme neige qui sont par-dessous ; tout le train de derrière
se trouvant alors d'une blancheur éblouissante, de roux qu'il étoit
dans son état naturel.
En décrivant la suite de tous les oiseaux connus sous la dénomination
vulgaire d'oiseaux de paradis, nous établirons donc avec la plus sévere
exactitude les caractères propres à chacun d'eux en particulier ; et nous
croirons ainsi avoir atteint le seul but que nous nous soyons proposé en
écrivant l'histoire des oiseaux , celui de faire connoitre d'une maniéré
précise les especes. Les méthodes offrent, à la vérité, une perspective