
L E C A L I L I É M Â L E.
( N ° 23.)
CETTE espece, qui ne doit l'avantage d'avoir été admise parmi les oiseaux
de paradis qu'à la mauvaise préparation des premiers individus qui nous en
étoient parvenus de la Nouvelle-Guinée , son pays natal , se rapproche
beaucoup par son genre de celui des choucas: elle a effectivement des
parties dont les plumes paroissent au toucher et à l'oeil être de la nature
du velours, et telles sont réellement toutes celles qui garnissent la tête et
tout le devant du cou de cet oiseau; mais on remarquera facilement qu'en
revanche il n'a ni une petite tête ni des yeux moins grands que ne le comporte
sa taille; caractères attribués généralement par tous les naturalistes
aux oiseaux nommés de paradis, et dont nous avons trop souvent prouvé
la fausseté pour que nous y revenions au sujet du calibé. Celui-ci subissant
dans le pays qu'il habite les mêmes mutilations que les insulaires font subir
à tous les autres oiseaux des mêmes contrées, offre aussi les mêmes dégradations,
c'est-à-dire que, comme tous les oiseaux de paradis, il nous arrive
ordinairement sans pieds, sans ailes, et desséché sur un roseau ; ce qui seul,
comme nous l'avons dit, l'a fait placer parmi ces derniers, quoiqu'il n'ait
point, comme eux, reçu de la nature cette surabondance de plumes dont
ils sont pourvus, et avec lesquelles ils savent si bien se parer. Quant aux
plumes de la nature du velours, elles ne sont point un attribut nécessaire et
exclusif des oiseaux de paradis, puisque, comme nous l'avons vu, plusieurs
especes ainsi nommées n'en étoient nullement pourvues, et que beaucoup
d'autres oiseaux présentent ce caractere: le paon, par exemple, de tous les
oiseaux connus celui que la nature a le plus favorisé du côté de ces plumes
veloutées, et qui de plus est paré de la maniéré la plus pompeuse, pourquoi
ne l'auroit-on pas rangé parmi les oiseaux de paradis? ajoutons que le
paon a une très petite tête relativement à sa taille, puisqu'au moins dix fois
plus gros de corps que le plus grand oiseau de paradis qu'on connoisse (le
grand émeraude), sa tête n'est réellement pas plus forte que celle de ce
dernier. Mais, disons-le, il n'a manqué au paon pour être un oiseau de
paradis, que de nous avoir été envoyé aussi sans pieds, sans ailes, et desséché
sur un bâton. Au reste, qu'on considéré comme un oiseau de paradis, ou
comme un choucas l'espece du calibé, voici ses caractères:
Il a le bec alongé, fort, un peu arqué, et portant au bout de la mandibule