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58 LONICERA. CHEVREFEUILLE.
DiervUIa Acadiensis fniticosa, flore luteo. TOURNEF. Act. Parisiens. 1706. tàb. 7. £ 1.
Diervilla. DUHAM. A r b r . I. p. 209. tab. 87. TSCHOUDI. Suppl. de l'EncycI. anc.
Chèvrefeuille dlAcadie, n°. 8. LAM. Diet. ency.
Le Dierville.
Arbrisseau intéressant par la beauté de son feuillage d ' u n verd foncé et ball
a n t ; par ses grappes de fleurs jaunes, qui s'épanouissent durant les grandes chaleurs
de l ' é t é , et successivement jusqu'au milieu de l'automne.
Racines t r a ç a n t e s ; tiges n o m b r e u s e s , droites, souvent simples, légèrement
tétragones. Feuilles opposées, pétiolées, ovales-lancéolées, aiguës, dentées en scie,
glabres, luisantes, velues sur les bords. Fleurs en grappes axillaires et terminales
jaunes ; calice tubuleux ; corolle irréguhere : l ' u n e des divisions est plus grande
que les autres et velue. Etamines , fdaments velus. Le fruit est u n e capsule
oblongue , p y r a m i d a l e , à quatre loges, polyspermes. Il diffère d u genre.
FLEURIT. Depuis le solstice d ' é t é j u s q u ' a u x gelées. Les f r u i t s mûrissent p e u après.
HABITE. L'Acadie, dans l'Amérique septentrionale. On le cultive e n France depuis
1706 ; il a été décrit par l'immortel T o u r n e f o r t , qui lui a donné le n o m de
Dien>ille, chirurgien français, qui l'a apporté de l'Acadie.
USAGES. « Le Dierville, q u ' o n pourroit presque regarder comme un Chevréc<
f e u i l l e , produit à la fm de mai des grappes de fleurs assez jolies ; ainsi cet
« arbuste peut décorer les bosquets de la fin du printemps ». DUHAMEL.
CULTURE. « Cet arbuste peut s'élçver de semences et de marcottes ; mais ordi-
« nairement il trace et fournit quantité de rejets enracinés. Il ne craint point le
A f r o i d » . DUHAMEL.
CULTURE CÉNINALE. Tous les Chèvrefeuilles p e u v e n t se multiplier de semences,
de drageons ou de plant enraciné que l'on sépare du pied, de marcottes ou de
boutures. Il est très rare que l ' o n seme les graines des especes volubiles proprement
dites Chèvrefeuilles: cela est pourtant à desirer; ce seroit le moyen d'avoir
des variétés nouvelles et remarquables. Nous sommes persuadés qu'après quelques
essais faits en g r a n d , on parviendroit à en obtenir qui auroient des fleurs doubles.
L'acquisition seroit d ' a u t a n t plus précieuse q u ' o n pourroit les p e r p é t u e r en multip
l i a n t les individus par les b o u t u r e s , les marcottes et les rejets.
On fait les semis aussitôt que les baies sont parfaitement m û r e s , en les r é p a n d a nt
sur u n e terre l é g è r e , ou dans des t e r r i n e s ; on les couvre d ' u n doigt de terreau de
bruyere. Si on veut les transporter dans u n pays éloigné, il faut les conserver dans
du sable, et les semer avant la fin de l'hiver.
Le meilleur temps pour faire les marcottes est le commencement de l ' a u t o m n e:
Tannée suivante, dans la même saison, elles a u r o n t poussé b e a u c o u p de racines,
et p o u r r o n t être transplantées. Les boutures que l ' o n fait e n automne ou à la fm
de l'hiver réussissent mieux que dans tout a u t r e temps.
Les Chèvrefeuilles sont de tous les arbrisseaux ceux qui ornent le plus les jardins.
A la rapidité de leur croissance ils réunissent la b e a u t é des fleurs, leur odeur
suave, et la longue durée de leur épanouissement. Ils sont généralement cultivés
dans toute l ' E u r o p e , u n e partie de l'Asie, et en Afrique, sur les côtes de Barbarie.
L'Amérique cultive ceux qui lui sont particuliers , ct ceux que l ' on y a transportés
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L O N I C E R A . C H E V R E F E U I L L E . 69
d'Europe. Voici comment le baron de Tschoudi en décrit d ' u n e maniéré poétique
les charmants effets dans les jardins, après avoir indiqué d'après son expérience la
meilleure maniéré de les cultiver avec succès.
« La plupart de ces arbustes sarmenteux produisent u n grand nombre de bouquets
de fleurs d ' u n aspect agréable dont l'odeur exquise rend la promenade délicieuse
dans les belles matinées et les fraîches soirées de l'été. Qu'on les prodigue
donc dans les jardins ; c'est dans ces lieux charmants que l'on doit rassembler
les plus doux présents de la n a t u r e ; c'est là que les plaisirs qu'elle accorde n ' o nt
point u n excès dangereux.
Que nos regards parcourent les tapis émaillés et se reposent sous les dais de
verdure. La gaieté ouvre notre ame aux sensations de bienveillance, et donne
du j e u aux organes de la vie : q u ' o n respire u n air frais , chargé de parfums ,
c'est u n baume pour le sang. . et l'on ne sent peut-être pas assez combien un
air cliargé de particules balsamiques est précieux pour la santé , devient dans
bien des cas u n remede sûr et puissant. Que l'odorat agacé et séduit puisse
quelquefois éveiller la volupté : elle est douce et innocente quand elle repose
sur les gazons; c'est sur les riches carreaux qu'elle devient dangereuse ; c'est
dans u n nuage d'ambre qu'elle cache la perfidie et le r e p e n t i r , et non pas à la
campagne, sous les berceaux des Chèvrefeuilles fleuris, à moins qu'on ne l'y ait
amenée de la ville.
Ces arbrisseaux peuvent être variés à l'infini par les formes. Qu'ils traînent
par terre et couvrent comme d ' u n tapis les lieux négligés des bosquets; que
leurs souples rameaux soient courbés ailleurs en cintres légers ; ici ils com'onner
o n t en réseaux le haut d ' u n e charmille; làjils S'entrelaceront parmi la feuillée
d ' u n massif; plus loin Us serpenteront autour du tronc d ' u n a r b r e , s'élanceront
parmi ses branches, et retomberont en guirlandes; dans un parterre ils p r e n -
dront sous le ciseau la forme d ' u n vase, d ' u n pilastre ou d ' u n buisson, et ils plair
o n t sous tous ces aspects ».
Ce n'est pas l e u r souplesse seule qui fait l e u r mérite: la diversité piquante qui
regne e n t r e les especes et variétés de ce g e n r e les r e n d aussi très précieuses. Cellesci
portent des fleurs blanches; celles-là d ' u n j a u n e pâle. Il en est qui n ' o n t point
d ' o d e u r , mais qui nous dédommagent par leurs fleurs d'une vive écarlate doublées
d ' u n orangé éclatant. Les uns annoncent le printemps par leurs épis colorés ; d'autres
c o u r o n n e n t l ' é t é de leurs guirlandes; plusieurs fleurissent jusqu'à trois f o i s , et
sont encore en octobre parés de bouquets odorants : tous verdoient vers la fin de
l ' h i v e r.
I l s'en trouve u n e espece dont le feuillage résiste à la g e l é e , et dont les fleurs
mêmes bravent souvent la rigueur des frimas. Il n ' y a pas j u s q u ' a u dessin de leurs
feuilles qui n ' o f f r e des variétés : quelques unes sont découpées comme celles du
c h ê n e : parmi celles-ci on en voit qui sont brodées d'un compartiment de lignes
jaunes; d'autres sont panachées de blanc: les unes sont molles, légères, et d'un
verd gai; les autres sont larges, étoffées, et d ' u n verd r e m b r u n i , et il n'est pas
u n e de ces especes et variétés qui n e puisse contribuer à l'agrément des jardins.
OBSERVATIONS. L'arbrisseau dont parle Duhamel sous le n om de Chamoecerasus,
n°. et q u ' i l dit originaire du C a n a d a , est le Lonicera Alpigena, 11°. 12. Nous ne
trouvons pas qu'il présente des différences assez sensibles pour en faire u n e variété
distincte. Il peut se trouver dans le Canada, comme plusieurs autres plantes et