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2 0 2 M Y R T u s . M Y R T E.
Mjrtus. Qr. BAUH. Pin.
Myrte commun. IJAM. Encycl. n. I.
En anglais. Myrtle.
En allemand , Gemaine Myrtei
En italien, Myrto.
En espagnol, Mnrta ou Rnjam.
En arabe , Aes , Alas, As.
En hébreu , Hadas.
Arbrisseau dans les parties septentrionales de l'Europe ; grand arbre dans le
midi et le levant. Sa tige est droite, rameuse, touffue, divergente. Ses rameaux
sont droits , de couleur roussâtre, et quadrangulaires dans leur jeunesse. Il a des
feuilles opposées, presque sessiles, lancéolées ou un peu ovales, entieres, coriaces,
lisses, d'un beau verd, persistantes, garnies de petits points glanduleux et transparents.
Les fleurs sont de couleur blanche, solitaires, situées aux aisseUes des
fetùlles. Leur calice est à cinq divisions , élargies à la base , et pointues au
sommet, ordinairement de couleur rouge brun. Los pétales sont au nombre de
cinq, arrondies, concaves. On compte plus de vingt étamines, à fdets blancs,
longs, cylindriques , terminées par des antheres jaunes", arrondies et aplaties.
L'ovaire est infere ; il est surmonté d'un style plus long que les étamines, et il
est recourbé avant l'épanouissement de la fleur. Le fruit est une baie d'un bleu
foncé, presque noire, globuleuse, aromatique, à trois loges, et contenant plusieurs
graines osseuses.
On compte un grand nombre de variétés et de sous-variétés du Myrte commun;
voici les plus remarquables :
3. MYRTUS communis romana.
M. foliis ovatis; peduncuUs longioribus. MILL.
Diet. n. 1. DUMONT-COÜRS. n. 1.
2. MYRTÜS lusitauica.
M. foliis lanceolatis, ovatis, acutis. DU.MONTCouits.
u. 2.
3. MYRTUS belgica.
M. foliis lanceolatis , aeuminatis. DUMONTCouRS.
II. 3.
4. MYRTUS boetica.
M. foliis ovato - lanceolatis , acutis , apice
ramorum confertis, DUMONT-COURS. n. 4-
5. MYRTUS tarentina.
M. foliis ovatis, baccis rotundioribus. MILL.
DICT. n. 1.
6. MYRTUS mucronata.
M. foUis lineari - aeuminatis , et minimis.
MILL. Diet. DUMONÏ-COURS. n. 7.
MYRTE commun d'Italie.
M. à feuilles ovales ; pédoncules assez longs.
MYRTE de Portugal.
M. à feuilles lancéolées, ovales, pointues à
leur sommet.
MYRTE belgique.
M. à feuilles lancéolées, acuminées.
MYRTE bétique.
M. à feuilles ovales-lancéolées, poinmes, ramassées
, et serrées au sommet des rameaux.
MYRTE de Tarente.
M. à feuilles ovales, à baies très arrondies.
MYRTE à feuilles mucronées.
M. à feuilles très petites, linéaires et acuminées.
On peut encore diviser toutes ces variétés en sous-variétés panachées de blanc,
ou à fleurs doubles. Parmi ceux que nous avons observés dans les jardins de
Paris, on pourroit établir un plus grand nombre de variétés, car il est peu d'in-
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dividus qui se ressemblent parfaitement: mais ce n'est pas le but de cet ouvrage;
il deviendroit trop volumineux si en parlant de chaque espece on étoit obligé de
décrire toutes les variétés obtenues par la culture.
FLEURIT. Pendant l'été, et dure fort long-temps ; ses baies miirissent en automne.
HAUITE. Les climats tempérés de l'Asie et de l'Afrique, les isles de l'Archipel,
l'Italie, les contrées méridionales de la France, l'Espagne et le Portugal.
HISTOIRE. La verdure de son feuillage et l'odeur suave qu'il répand le firent
remarquer dans la plus haute antiquité. Le peuple d'Israël mêloit ses branches à
celles du Palmier dans la fête des tabernacles, que l'historien Joseph appelle la
plus grande et la plus sainte de toutes. Les p r ê t r e s , les l é v i t e s , et les c h e f s des
Hébreux, assemblés dans ce jour solennel, disoient au peuple (1): «Sortez en
la montagne, et apportez des rameaux d'Olivier, et des rameaux d'autres arbres
huileux, des rameaux de Myrte, des rameaux de Palme et de bois branchu, afin
de célébrer la fête des tabernacles. »
Les poètes consacrèrent cet arbre à la déesse des Amours :
Populus Alcidae gratissima , Vitis îaccho ,
Formosae Alyrtus Veneri ;
Le Peuplier, dit Virgile (2), plaît à Alcide, la Vigne à Bacchus, et le Myrte à la
belle Vénus. Enée assistoit aux jeux le front ceint du Myrte de sa mere (3).
La muse Erato , qui présidoit aux poésies amoureuses, et tous les poètes élégiaqties,
étoient couronnés de ses feuilles. Virgile (4) a placé dans les enfers un
bosquet de Myrtes, oîi errent les ames amoureuses : c'est à cet arbre qu'au fond
de l'Elysée les amantes malheureuses attachèrent un jour le fils de Vénus. Lcs
Grecs (5) ornoient de branches de Myrte les statues des héros, en célébrant l'anniversaire
de leur mort. Il falloit avoir à la main un rameau de Laurier lorsqti'on
venoit réciter en public les poésies d'Homere ; on choisissoit le Myrte pour les
vers d'Eschyle, de Sinionide, et de Stéslcore. Une des trois Graces étoit représentée
avec un bouquet de Myrte à la main, « pareeque, dit Pausaiiias (6), cet
arbre est consacré à Vénus, et qu'à cause de sa beauté les Graces se plaisent plus
en sa compagnie qu'avec toute autre déesse ». Les auteurs ne sont pas d'accord
néanmoins sur la raison qui fit consacrer le Myrte à Vénus : quelques uns ont
cru que la déesse, au moment de sa naissance, et lorsqu'elle séchoit sur le rivage
de la mer, ayant été apperçue par' des satyres, se déroba à leurs regards en se
cachant sous des Myrtes ; d'autres ont pensé que c'étoit parcequ'elle se couronna
de feuilles de Myrte après sa victoire sur Junoii et sur Pallas.
(1) Liv. (l'EsiIras , cliap. VIII , vers. i5.
(2) Eglog. VII.
(3) Enéid. liv. V.
(/,) Enéid. liv. VI.
Nec prociil hinc partem fiisi monstranlur in omnem
Lugentes cainpi : sic illos nomine dicunt.
Hîc qnos iluiiis anior crndeli tabe peiedit ;
Secreti celant calles , et Myrtea circum
Sylva tegit.
(5) Euripide, tragédie d'Eteclre, acte 5 , vers 5 i a et 5t5.
(6) Voy. de t'EIlde, liv. V I , cliap. 24.
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