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1, P R E F A C E .
géant je me fuis occupé à coniîdérer tout avec des
yeux philofophiques. C'eft aux Phyficiens, aux Naturaliftes
, aux Politiques & aux Hiftoriens, que je
rends compte de ce que j'ai vu. J'ai cherché à être
utile plutôt qu'agréable.
Le jugement que l'Académie des Sciences a porté
fur ces obfervations, donne une idée fuccinte des
divers objets qu'elles embraiTent, & des vues qu'elles
préfentent, L'introdudion de l'ouvage indique fa
forme & fa diviiion.
En publiant ces obfervations, je n'ai pas cru devoir
en changer l'ordre. Plufieurs leileurs pourroient
ne pas l'approuver ; mais je fuis trop flatté que cette-
Compagnie les ait favorablement accueillies fouscette
forme , pour hafarder de leur en donner une
autre.
Cette raifon a été foutenue encore par d'autres
coniidéracions. J'aurois été arrêté par le tems qui
m'eût été nécelfaire ; j'aurois été réfroidi par le dégoût
d'un travail auiîi ingrat que celui de détruire
pour réédifier avec les mêmes matériaux, & fur-tout
par les vuides que l'on auroit trouvés à chaque article.
Je n'aurois pu remplir ces vuides, & répondre à
la curioiité du ledeur, qu'en rapprochant dans un
feul ouvrage toutes les obfervations que j'ai faites
pendant mon féjour à la Martinique, pour réunir
fous un même point de vue toutes ceiies qui auroienr
eu quelque rapport aux mêmes matieres.
Cette entreprife trop coniîdérabfe pour moi
P R E F A C E . Il1).
m'auroit effrayé. Elle ne fe feroit pas conciliée avec
une vie traverfée par des contre-tems, par des occupations
qui fe croifent, par des travaux d'une trèsgrande
étendue déjà commencés, & annoncés à l'Académie.
L'ordre que j'ai fuivi eft le même que celui de
mes journaux. Je rapporte les chofes à mefure que je
les ai vues ; les vuides en feront moins feniibles. Je
fais voyager le ledleur avec moi ; j'efpere qu'il voudra
bien fe prêter à ma marche. Si ce voyage l'intéreife
, nous aurons occaiion de revenir fur pluiieurs
de ces mêmes objets, quand je donnerai la fuite de
mes obfervations.
Ces détails m'ont paru néceifaires pour le lecteur,
ils lui font auiïi perfonnels qu'à moi-même. Nous y
avons un intérêt commun ; lui de n'être pas trompé,
moi de mejuftifier d'avance, & de prévenir des reproches.
Je ne donne point dans ce volume les defcriptions
des divers objets d'hiftoire naturelle, dont j'aurai occaiion
de parler. Je réferve ces defcriptions pour des
volumes particuliers que je publierai dans la fuite fur
les plantes, fur les infedes , fur les poiifons, fur les
oifeaux, &c.
Je ne puis aiTez témoigner ma reconnoiifance à
Meifieurs A. & B. de JuiTieu ; ces deux célébrés Naturaliftes,
qui ont fc^u réunir à l'étendue de leurs
connoiifances, une complaifance extrême à les communiquer
, & dont les fentimens pour moi feront
pour jamais gravés dans mon coeur.
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