Parailele de leurs
moeurs & des nôtres.
•
Leurlogeaienr,
tears arn^es.
iOnt an chef: le
{îoHi iju'ij pread.
V O Y A G E
Auiîl à iui^ei- de leurs deftinécs par leur conduite d ^
nos établiiTemcns dans ces lûes , ôi par k tradition oblcur^
de ce qui s'eft paiîé chez eux avant notre arrivee , leur hiltou
e n'offi-e point comme les nôtres, des guerres longues
& langlantes , de ces cataftrophes funcftcs de ces revo utions
lénérales dent les exemples .ont etefi fouvent répétés
chez nous. • . , i, «r
Les infidélités, les trahifons, les parjures, les voW
les aiTainnats , H communs chez les nations civili ees , i m
font inconnus. La religion , la mora e , les loix ,
fauds ôc les fupplices, ces digues eWees po.ur la detente
de tous contre tous , & qui ne peuvent arrêter parmi .nous
ces défordres, font inutiles à ces hommes qui ne luiyent
que la nature ; nos crimes leur font horreur.
Notre raifon éclairée de quelques rayons de plus, ejt
donc aufli facile à troubler, que celle de ces peuples que
nous appelions barbares & iauvages 1 Faudroit - il donc
avouer à notre honte que les foins que nou^prenons de la
cultiver , que nos moeurs , que nos connoifTances acquîtes
par l'étude, ne fervent qu'à déguifer nos vices , fans rien
ajouter aux dons de la nature , qu'a nous rendre feulemew
plus féduifans , fans nous rendre meilleurs i
Imaginez les cabanes les plus ruftiques , couvertes de
chaume , & paliiTadées avec des pieux , vous aurez lidee
de leur lo2;ement & de leur architedure.
Les premieres armes des Caraïbes furent comme ,celles
de tous les premiers peuples, un arc & des fleche?, avec
une efpece de maiTue moins bngue que le bras,.
On Tait que leurs fléchés font cmpoifonnees ; on çonnoïc
en Europe l'activité du poifon dont ils fe fervent. Quoiou'ils
tirent leurs fléchés avec la plus grande )ufteile , ds eu
font peu d'uiage aujourd'hui, quand ils peuvent avoir des
fufils & de la poudre. . . , , • -, i
Ils o'nt un chef ; quand ils en ont fait le choix ils ne le
changent jamais. Ce chef prend toujours le nom du Gcuyerneur
général de la Martinique ; de iorte qu il change de
'a
Ont un idiome
particulier.
A L A M A R T I N I Q U E . ^57
-nom toutes les fois que le Général françois cil remplacé par
mn autre-
Cet ufage eft fans doute fondé fur la haute opinion qu'ils
conçoivent d'avance d'un homme que l'on envoyé pour
-commander à ces mêmes habitans qui les ont vaincus autrefois.
Ils imaginent que le nouveau Général doit avoir plus
de bravoure ou de capacité que le précédent, parce que
c'eil ce qui les décide dans le choix de leur propre chef.
La langue naturelle de ces peuples efl: un idiome particulier.
Quand ils parlent aux Européans , ils employent, ainfi
que font les negres , un françois fi corrompu , que c'eil
prefque un l angage étranger pour les François nouvellement
arrivés aux Mes. Ce langage groifier n'eil qu'une fauiTe imitation
de notre langue, dont on a confervé quelques termes
, & à laquelle on a donné des inverfions & une conftruélion
très-informe.
Je n'ai rapporté fur ces peuples que ce que j'ai vu par
moi-même , ou ce qui m'a été attefté par un grand nombre
de perfonnes véridiques , qui ont eu occafion de les voir
plus fouvent que moi ; mais je n'ai cité les faits que d'autres
m'ont appris , que lorfqu'ils m'ont été atteilés par les Caraïbes.
Ainiî j'ai cru pouvoir ajouter mon témoignage à
•celui des hiitoriens déjà connus , pour les chofes dont j'ai
eu une connoiiTance certaine.
Des Negres.
Les Negres que nous avons dans nos Colonies , provien- Portrait des Nsf
aent de diverfes nations africaines. Il ne feroit pas poffible
d'en faire un portrait qui reilemblât à tous les diiFérens
peuples dont ils tirent leur origine. Tout varie parmi ceux
que nous avons , jufqu'aux nuances mêmes de leur couleur.
Nous ne pouvons nous réduire qu'à un certain nombre de
•généralités.
Il ne faut pas même s'y méprendre , ce ne font pas les
Africains que nous allons peindre, c'eil la partie de ces
i 'Êû
i
I' I