litres louniîis.
CJirc;ir ou dctrui-
!
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x H ' . V O Y A G-E
même, que celui dont M. Adanfon a parlé dans fan voyage
au Sénégal, p. 99 , fous le nom de vag-vague. Il a fans
doute dans cette partie de l'Afrique plus de malignité ; cec
Académicien dit qu'ils mordent la peau , qu'ils y occasionnent
des enflures & de vives douleurs. Ils ne mordent point ,
à la ^Martinique ; on n'en eft incommodé que par leurs'
dés-âtSr
Il eft étonnant qu'on ne foit pas encore bien inftruit au
Sénégal de l'eiFet de l'arfenic fur ces animaux, ou qu'il n' y
ioit pas employé , comme dans nos Colonies , oix l'on en
fait ul age depuis tant d'années; les accidens auxquels cet
arfenic peut expofer , ne font pas à craindre, puiiqu'il en
faut une fi petite quantité pour les détruire.
Les autres fortes ¿q fourmis , que nous rapporterons ailleurs
, font en fi grand nombre dans nos liles , qu'elles font
le défefpoir des Naturaliftes comme des cultivateurs. Elles
gâtent ou détruifent tout dans lés maifons, dans les jardins,.
& dans les plantations..Leur voracité devient un très-grand
obftacle aux colle£lions d'hiftoire naturelle, comme aux
ôbiervations. Elles mangent, pour ainii dire , de tout,,
excepté des acides, qui leur conviennent cependant , dèsqu'on
y mêle un peu de fucre , même en petite dofe. Si l'on
met quelque appât qui foit de leur govit, au milieu d'une
falle oil il n'en paroîtra aucune, à l'inftant même , comme
fi elles éroient averties par des fentinelks qu'elles auroient
en campagne , on en voit accourir de toutes parts fur leur
proie. Combien de fois ne nous ont-elles pas rebutés , lorfqu'à
même d'être inftruits fur la métamorphofe de plufieurs
infectes ramaiTés avec fatigue dans la campagne , & nourris
avec attention dans le cabinet, elles les dévoroient malgré
nos précautions , Se nous cnlevoient le fruit de toutes nos
peines !
Quelques-unes font ailées ; mais quoiqu'ordinaircment
elles ne fafrent point ufage de leurs ailes pour fe tranfporter
ailleurs, elles y fupplécnt par un autre expédient. Nous placions
les poudriers oii étoient les infectes dans un baiîin.
plein d'eau ; leur voracité les y attiroit en fi grand nombre
que celles qui fe noyoient dans ce baiîin , fervoient de pont
pour les cannes à.
iiicre.
Vers à foie tranCportés
par l'Auteii-r
à la Martinique.
A L A M A R T I N I Q U E. 115
aux autres , pour parvenir jufqu'au poudrier ; le nombre de
celles qui parvenoient ainfi juiqu'à l'infecte que nous obfervions
, étoit il prodigieux , que nous les avons vu faire périr
les plus groiîés ciienilles , même celles de quatre & cinq
pouces , telles que les chenilles du corojfolier &c àu franchipanier.
Cet infeéte ncft pas moins à craindre pour les planta- Sonttrès-ècrainîions.
Quand les fourmis font établies fur une fucrerie , il eft ¿re
•comme impolîible de les en chaiFer. On a tenté inutilement ' " °
jufqu'ici toutes fortes de moyens pour les détruire. Le jus
des cannes qu'elles rongent fermente & s'aigrit, ou devient
d'une très-mauvaiie qualité pour en faire du fucre. Elles les
entament aulFi par les racines , & c'eft par-là qu'elles font
périr beaucoup de plantes.
Ce font les fourmis qui m'ont empêché d'élever les vers
à foie que j'ai fait porter deux ans de fuite de France à la
Martinique ; mais leur nourriture y eft toute prête , par la
quantité de mûriers blancs que j'ai plantés chez moi , &
fur plufieurs autres habitations. Ainfi avec de la perfévérance
& du tems on en viendra à bout , comme on eft parvenu
à cultiver le café , malgré les obftacles qu'apportèrent
d'abord ces mêmes animaux.
Les ravets , efpece de fcarabée auffi multipliée que les
fourmis , ne font pas moins redoutables encore pour les
obfervations , & pour les colleétions d'hiftoire naturelle.
C'eft un nouvel obftacle pour tout ce que l'on veut conferver
; c'eft un fléau pour nos Colonies , foit qu'à caufe de fa
guanteur il infpire du dégoût pour tout ce qu'il a touché ,
ioit parce qu'il n'épargne rien. Il détruit fur-toUt avec avidité
les hardes &C les papiers, quelque attention qu'on y
apporte , en y dépofant une coque , c'eft-à-dire , fon oeuf
Cet oeuf eft toujours divifé dans fon intérieur, en trente
•cellules , rangées fur deux lignes parallèles , dans chacune
defquelles il y a un embryon.
Cet animal a un double avantage pour s'infmuer partout
; quand il vient de naître , il eft auffi petit que certaines
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