Mangent beaufoup
de íücre.
Sont moin! íiijets
aux vers qu'en
france.
Le fuere eft un
aliment fain.
74 ^ ^VOYAGE
On prétend même que le fucre , qu'on ne leur refufe
preique jamais , eft une nourriture des plus faines qu'ils
puiflent prendre , & des plus propres à les garantir des vers.
Il eft vrai que nous avons obiervé dans cette Ifle, qu'en
général les enfans font moins fujets aux vers qu'en France ;
mais quand ils en font attaqués , le mal eft preflant & demande
un prompt feeours.
Je doute que le fucre, comme on le dit , les en garantiile
; mais l'expérience , d'accord avec la cliymie, prouve
tous les jours dans nos Ifles , que m^algré le préjugé établi
autrefois contre le fiicre , cette denrée eft une vraie nourriture
, & qu'elle eft très-faine. Elle fait vivre, pour ainiî
dire , tous nos Negres , qui le plus fouvent n'ont pas aiTez
d'autres aliniens. C'eft prefque la feule reftburce de ceux
qui fuyent de chez leurs maîtres, &c qui vont fe cacher dans
les bois.
J'ai remarqué qu'il meurt beaucoup moins d'enfans que
de jeunes gens 8c de perfonnes de moyen âge.
Quand on a pu triompher du climat dans nos Ifles, &
parvenir au-deiîlis de l'âge moyen, la vie eft ordinairement
ongue ; on y meurt, pour ainii dire , fans vieillir. La vieil-;
leiTe n'eft pas caduque , languiiTante , & accompagnée des
infirmités qui raffailliiTent en Europe.
Nous verrons par le détail des maladies qui regnent dans
ces climats , à quel prix on acquiert cett^ vieilleiTe..
Des maladies qui regnent à la Martinique.
DiviiTon desma- N'ayant plvis à parler des Caraïbes, nous n'obferverons
îadiesrelativement ¡es maladies dans nos récapitulations, que relativement
auï bian.s & aux ^^^^ deux autres fortes de perfonnes qui habitent a£tuellement
nos Iftes.
Nous confidérerons d'abord celles qui font particulières
aux blancs ; enfuite celles auxquelles les Negres feulement
font fujets ; Se enfin celles qui font communes aux uns
aux autres.
Quand ces maladies auront été traitées comme on^ls
Il meurt moins
d'enfans que d'autres
perlonnes.
La vieilbfle eft
fans caducité.
negres.
A L A M À R T I N I Q U E.
fait en Europe, ou avec des remedes apportés d'Europe ^
iious n'en dirons rien ; quand on y aura employé des firnples
' du pays , ou des méthodes qui lui font propres , nous aurons
iibin de l'indiquer.
Des maladies particulières aux blancs.
Les climats de l'Europe ne peuvent pas donner une idée
de la température de l'Amérique.
Si l'on éprouve quelquefois en France , &: dans les autres
pays fitués fous la zone tempérée des chaleurs violentes ,
elles ,ne font pas continuelles. A une journée accablante
fuccede fouvent une nuit fraîche, ou une journée tempérée.
Un orat^e fufiit pour interrompre le cours d'une chaleur
infupportabfe : mais à l'Amérique elle eft prefque toujours
la même fans interruption.
Ce font les effets de cette continuité de chaleur qu'on
ne fauroit fe repréfenter , quand on ne l'a pas éprouvée.
Toute l'habitude du corps en eft altérée , les facultés même
de l'efprit, fi on ofe le dire , en font accablées. Malgré la
gaieté ou la vivacité que l'on remarque dans prefque tous
les Américains, on peut dire que l'indolence regne chez
eux. Elle ne difparoît que dans les occafions qui font fortir
leur caractere naturel , engourdi habituellement par le
climat.
Les forces s'épuifcnt dans ces contrées brûlantes par des
fueurs ou des tranfpirations violentes &: contmues ; rien
ne les répare. Le fang fe dépouille Se s'appauvrit infenfd^lement,
l'équilibre eft rompu , les folides perdent leur ton ;
de-là les engagemens, Se bientôt après les maladies inflammatoires
iî communes dans nos Ifles.
En y arrivant on eft frappé du teint de ceux qui les habitent
; on les prendroit pour des convalefcens. On ne voit
point fur les phyfionomies cet air de vie Sc de fanté, qui
refpire fur celles de France. La couleur de ceux qui fe portent
le mieux , cft prefque toujours plus ou moins livide Se jaune.
C'eft même le plus fouvent un bon figne , il faKuti je n venir
La chaleur de
l'Amérique ne peut
fe comparer à celle
d'EuropOa
Acaufedefacoa-r
tinuité.
Ses eiFets fur l'économie
animalef
DiiFérence d«
C;int des hommes
en Europe & ál'Amcrique.
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