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Avantages qu'il
J a de rendre les
,terres nieubles.
Tems où il faudroit
faire ces labours.
-
Dans quel fens
i l faudroitles faire
iur les mqj-nes.
Viande de boucherie
mauvaife
aux Mes,
•izS _ VO Y A G E
l'avons die , eft un des plus grands fléaux pour les cannes à
fuere. Il y a des Juc, eri:.s { c'cft ainfi qu'on appelle les habitations
où l'on fait du fuere ) ruinées par les fourmis , qui
s'y font établies depuis plus de dix ans , fans qu'on ait pu
trouver encore aucun moyen de les détruire.
Je crois que les Phyiiciens agriculteurs penferont qu'il
fer oit avantageux de fouiller &c de remuer la terre au pied
des cannes à fuere , de siême qu'au pied des cafés , plus ou
moins profondément, fuivant les lieux & la pente qu'ils ont.
Je dis fuivant les lieux & leur pente, parce que je conrviens
qu'en fouillant trop la terre dans les lieux extrêmeiTient
rapides, ce feroit l'expofer à être entraînée par les
pluies abondantes de ces climats.
Mais en même tems il ne faut pas oublier ce premier
principe d'agriculture inconnu dans nos Mes , que'la terre
n'efl fertile , qu'autant qu'elle peut recevoir aifémen-t les
influences de l'air , des météores , &c des arrofemens de la
nature , ii je puis parler de même. Ce n'eft qu'en la remuant
, ce n'eft que par de fréqucns labours qu'on la rend
fuiceptible de ces influences , & propre à s'abreuver de ces
ai-rofemens que lui fourniiFent les brouillards , les rofées &C
les pluies.
C'eft fur-tout vers le tems où commencent les pluies
dans nos Colonies , qu'il conviendroit de faire ces petits
labours ; dans les tems fees ils expoferoient à une plus
grande féchereiFe la terre qu'on auroit fouillée.
Ces labours pourroient fe faire tra.nfverfalement, fur une
ligne qui croifât celle de la pente des mornes ou coteaux ;
fi la pente étoit fi rapide, que l'on eût à craindre que ces
terres rendues meubles ne fuiTent entraînées par les pluies ,
malgré les fdlons creufés par les labours , ,on pourroit alors
y faire d'efpace en efpace de petites faignées plus profondes.
On les pratiqueroit dans le même fens que les filions , pour
rompre en partie la vîteiTe la force des pluies dans leur
chiite le lono; de ces coteaux.
- • C>
On ne mange que de très-mauvaife viande de boucherie
a
niii
A L A M A R T I I Q U E. 119
a, la Martinique ( 3 ). Les boeufs ufés par le travail, ou mis
hors d'état de fervice , ne fauroient s'engraiiTer par la nourriture
qu'ils ont. Ils font au verd route l'année , de même
que les brebis, les chevaux & les mulets.
On n'a pas même l'attention de divifer en |7lufleurs parties
les prairies ou favannes , afin de faire paître ces animaux
dans les unes & dans les autres alternativement. Ils
paiiTent toujours dans les mêmes endroits ; à peine l'herbe
a-t-elle pouiFé , qu'ils en rongent l'extrémité. Ces herbes
ne peuvent donc avoir qu'un fuc aqueux & très - foible.
Une végétation trop prompte ne lui permet pas d'être fuffifamment
digéré par la nature.
Cette nourriture peu propre à réparer leurs pertes , jointe
à la grande chaleur , rend le fervice des animaux domeftiques
beaucoup moindre à l'Amérique qu'en Europe.
Les habitans qui font, par exemple, à une lieue du bourg
ou de l'embarquement, ne font porter fur une charrette
attelée de quatre boeufs, que deux barriques de fuere, quoique
dans de beaux chemins ; ce qui fait un poids d'environ
ieize à dix-fept cens livres ; on ne leur fait-faire alors qu'un
voyage par jour,
Prefque aucun habitant n'employe des chevaux ou des
mulets à la charrette. ( On appelle dans nos Mes toute ef-
Mnuvaife diftrib'.
i£Íon des pâcurages.
Evaluation (le la
f o r c e , ou du travail
des boeu f s , par
des exemples.
O n n'employe ni
chevaux ni mulets
aux charrettes.
(3 ) Pour attendrir & mortifier les viandes de toute efpece , on
met en ufage dans nos Ules un moyen d'autant plus commode qu'il
efl: ptompt, facile , & qu'on n'a point fur les habitations la reffburce
des marchés publics.
On fufpend , ou mieux encore , on lie la viande à un figuier quelques
heures pour k mortifier.
Il eft vrai que quoique la chair fe mortifie, elle a quelquefois le
défaut d'être filamenteufe, fi on ne l'a pas laiiTée aiTez long-tems attachée
à cet arbre. Je l'ai vu éprouver avec le m&me fuccès en France,
& dans des faifons froides.
On ne voit pas aifémentla caufe de ce fait. Heureufement ceux de
cette efpece font aiTez rares pour ne pas ébranler les principes de notre
phyfique , & nous ramener aux anciennes qualités ocdtes & fympathiques.
Pline.
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