Mifîoire íívile &
naturelle des liles
divVeiuena-eprire.
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Je me déterminerai donc , malgré l'écendue d'un auili
vaile travail, à entreprendre en même tems l'hiftoire civile
èc l'hiiloire naturelle de la Martinique , & des Ifles
voiiines connues fous le nom rùs IJles Antilles ou des-
TJles du Vent.
La partie purement hiftorique & civile a des bornes , on
peut la rendre compiette ; mon ouvrage à cet égard étoit
très-avancé. J'étois à portée d'étudier les moeurs ôc les ufages
de ces Colonies , de découvrir cette origine des loix
que je clierchois , le principe de leurs abus &;lcs moyens d'y
remédier ; je pouvois tout vérifier à la fource ; je ne manquai
pas de profiter de ces avantages.
Un événement dont j'aurai occafion de parler dans la
feconde partie de cet ouvrage , m'enleva preique tous me&
travaux. Il ne m'a laiifé que des matériaux , qui cependant
feroient encore utiles aux magiftrats ou aux politiques ^
friche ofFroient des héritages fans nombre , il étoit naturel de multi-
)Iier les propriétaires des terres, par une forte de partage qui attachât
es héritiers dans le même lieu , & qui les empêchât d'en fortir pour
chercher à s'enrichir ailleurs. Maintenant que dans les Colonies déjà*
formées, toutes tes terres font divifées par habitation & employées à
des genres de cuiturequi exigent des poiTeffions étendues, qui demandent
de grandes dépenfes , & qui font expofées à des accidens confidérables
j il 'ell de l'intérêt de TÉtat , par la raifon contraire , d'y borner
le nombre des propriétaires des habitations. On ne peut plus en
donner une â chaque héritier , puifqu'ordinairement il ne s'en tiouv&
qu'une dans chaque fucceffion. Les partages de cette habitation parégales
portions affoibliiïènt donc les moyens de culture , & les facul^
tés de celui qui fe charge de l'héritage , en demeurant débiteur envers:
fes cohéritiers,
C'eft ce qui arrive en effet tous les jours ; la plûpart des habitans ,,
en acquérant l'habitation de leurs peres ( que d'autres Loix très-fagesdéfendent
de démembrer) font par-là gênés & endettés, quelquefois,
pour toute leur vie.
C e feul exemple , qui me difpenfe de beaucoup de détails étrangers,
à cet ouvrage, fuffit pour prouver , comme je l'ai avancé, que des.
loix bonnes pour des Colonies naiilantes , peuvent être mauvaifes.
pour des Colonies deja formées. Locke j ce grand métaphyficien,
i'avoit prévu en homme d'Etat..
^ Á 1 A M A R T r N r Q Ü Ê. f
|)C)ur étudier & connoître nos Colonies fous-ces dcuxp'oirits'-
de vue.
Quant à la partie pliyfique de cette liiitoire , la feule
qui puiiTe intéreiîer l'Académie , fes bornes font plus étendues
: mes- obfervations, quelque générales qu'elles euiTent
été , n'auroient pu les remplir toutes ; elles ne pouvoient
que fervir de mémoires , pour parvenir un jour à avoir
riiiftoire complette du fol & du climat de ces liles.
Cette partie de mes travaux n'a pas été plus épargnée
que l'autre.. Ce font fes débris que je communiqueraiYucceiîivement
à l'Académie , fi ces premieres obfervations
lui paroillent mériter' quelque attention.
Il y a un rappart infime entre toutes les démarclies de la
nature, entre fes produdions & fes révolutions ; celles-ci
nous font marquées-par les météores.-
Pour développer ce rapport, mon objet a été de rapprocher
les diiFérentes indications de la nature fous un même
point de vue ; de réunir l'iiiftoire du fol de la Martinique
à celle du climat ; de placer le tableau des variations du
tems à eoté de celui des prodndions naturelles de toutes
efpeces ; de mettre en état de comparer l'influence des météores
ou des phénomènes de l'atmofphere , fur tous les autres
phénomènes.
Tout étant lié', tous les reiTorts agiiTans enfemble , les
confiderer tous en même tems & dans tous leurs rapports
c'eft obferver la marche de la nature dans toutes fes routes
, c eft en quelque façon multiplier nos- regards , en nous
plaçant ftir une éminence , pour les étendre fur un plus arand
nombre d'objets.- ^
Cet ouvrage eft divifé en quatre parties ; les deux premieres
font le refultat de mes obfervations ; les deux der
meres en font la preuve .- ce font , pour ainfx dire^, mes
procedes ou mes opérations.
Mon Journal étoit compofé d'un cahier particulier
ibne a marquer tous les jours les variations du tems &
î"
les autres oofe™ions météorologiques, & de plufieurs
W n r ? Tr^'P"" ' lefquels^icriv'ois auíF^oum ^
iement les obfervations de toute efpecc.-
Ces Obrervationp
font une pai rie des
inatcriaiix de cette
Hiftoire,
Objet de cet Ouvrage.
Les obfervations
iMctéoroIogiques
lices à celles des
produaions de la
nature en tout genre.
Diviiîon de ro« -