le même goût.
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V O Y A G E
cedent cíe beaucoup à ceux d'Europe. Quelques-uns iont
Ilsontlaplûpart bons & déllcats , tous les autres en général ont à-peu-pres
' ' le même goût. D ailleurs dans la plus grande partie de
rifle lis prennent fur les côtes où ils vivent une clpecc cie
goût de vafe , que l'on appelle à la Martinique un gout de
cayes ( S ). 1 • r •
On connoît le poilTon dont les belles couleurs lui ont tait
donner le nom de dorade. Un autre , qui a fans doute acquis
par des titres femblablcs le nom de demoijdle , peut le diiputer
à celui-là par l'éclat des fiennes , quoiqu'elles ne paroiflent
pas dorées , & fur-tout par leur variété , 6c par la
fymétrie avec laquelle elles font placées.
Celui qu'on perroquet offre le mélange du vert „
du bleu , du jaune & du rouge , couleurs ordinaires des
perroquets , le vert y domine.
Pluiieurs autres encore ont des couleurs remarquables.
Le chirurgien a été fans doute nommé de même , parce
qu'il porte vers fa queue deux petites pointes fermes 6c aiguës
comme ime lancette. Il peut, quand il le veut, les
élever , les rendre faillantes , ou les abaifler le long de ion
corps, 6c les emboiter chacune dans une petite cavité ,
comme dans un étui.
Il n'en eft. point de plus abondant dans nos Ifles que
Le titirioutritri. ceux qu'on nomme titin , ou par abréviation tntri.lh paroiffent
être des poiffons naiffans. Ils font délicats a manaer
; leur groifeur eft comme celle d'un clou de girofle , ÔC
communément leur longueur eft aufli la même ; de forte
me l'on en mange beaucoup , 6c im très-grand nombre a la
/ois. Aux pleines ÔC nouvelles lunes ils entrent en foule dans
les rivieres , où l'on va les pêcher par milliers.
Dutertre , Labat, d'autres Auteurs en parlent ( 5) ) j
La dorade.
Lesdemoifelles.
Le perroquet.
Lecliirurgien.
I l feroitimpor^
tant de les bien
corjnoître.
( 8 ) O n donne dans nos mesMe nom de cay es aux rochers qui font
dans la mer. ,
^ ( 5) ) Dutertre , Hift. des Ant. t. IL p. 166-/.. Labat, F^yag. a. I Amérique,
&t. t. II. p. 174. Paris, 1741- j
A L A M A R T J N I Q U E. ^107
mais perfonnc encore ne s'eft aflùré fi ce iont des poiflons
naiflans , ou s'ils ne deviennent jamais plus grands. Cependant
il feroit très-important de le favoir. Si ce font des
poifl^ons naiffans, c'eft en détruire l'efpece dans fon principe
; leur pêche alors devroit être féverement défendue
ou limitée , d'autant plus qu'elle dure une grande partie de
l'année.
On voit fouvent furnager fur ces côtes ce poiflbn fingulier
, dont tant d'Auteurs ont encore parlé , que l'on nomme
galere à la Martinique , veiene fur la Méditerranée , 6c au
Bréfil moucieu , felon le rapport de Pifon.
On dit qu'on ne le touche pas impunément. Cette aflertion
eft confirmée par le témoignage 6c l'épreuve du P.
Feuillée. Il dit que cet animal lui caufa à l'Amérique des
cuiflbns fi vives , qu'elles lui donnèrent des convulfions par
tout le corps , avec des douleurs infupportables. Il l'appelle
veiîie de mer. Il a l'air en eflxt d'une petite veiFie qui flo-
La galere , oa
velette.
Dangereux a
toucher.
'cjjie
teroit fur l'eau.
Il eft dangereux dans nos Ifles de manger toutes fortes
de poifl^ons. Quelques-uns incommodent fi fortement, que
l'on dit communément qu'ils empoifonnent. J'en rapporterai
un exemple , dans les obfervations à venir , arrivé
chez moi avec une efpece de lune , qui eft cependant un des
poiflons que l'on ne craint pas.
On prétend que pour reconnoitre s'ils font malfaifans ,
il faut regarder leurs dents qui font alors noires , ou bien
qu'il faut mettre une cuillere d'argent dans l'eau dans laquelle
on les fait cuire, parce qu'elle fe noircit quand le
poiffon eft à craindre. Ces épreuves , que l'on n'avoit pas
omifes chez moi , 6c que j'ai voulu fouvent vérifier , m'ont
paru peu certaines. Je crois que les Phyficiens douteront
qu'elles foient en eiFet d'aucune utilité.
Des Crujlacées.
Les cruftacées abondent dans nos Ifles. C'eft un avantage
dont les Negres ne peuvent trop fe féliciter.
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Quelques - uns
dangereux à manger.
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