io8 VO Y A G E
Pluficurs hablrans , malgré le cri cic I'liumanite, ne
donnent auçunc nourriture à leurs ciclavcs. Ces hommes
iniortunés iacrifient leurs fueurs & leurs travaux aux beloins
de leurs maures , & ibuvent à fatisfaire leur luxe &
leurs paillons frivoles , fans attirer fur eux la même pitié ,
la même attention qu on a pour les bêtes de iomme que
l'on fait travailler. Le plus grand nombre même des maîtres,
qui , guidés par leur coeur ou par leur intérêt, fentent
ou rénéchiflent , ne leur donnent qu'une partie de la nourriture
qui leur eft néceiTaire. Ils font obligés de la chercher
d'ailleurs , ou dans leur adrefle , ou dans les travaux particuliers
qu'ils font pour leur propre compte , aux heures de
repos qu'on leur accorde ( i ). Les cruftacées leur offrent à
cet égard de grandes reifources , par la quantité qu'on en
trouve à la mer & dans les rivieres.
L&s îoiirlouwiix font uneefpece de cancres ou de crabes,
dont l'écaillé unie & mince eft fur le dos & fous le ventre
d'un rouge plus ou moins foncé fuivant les endroits.
Les ceriques , autre efpece de crabes , font de deux
fortes. Les unes fe trouvent dans les rivieres , celles-là fe
nomment fmiplement cenques ; les autres que l'on appelle
Ceriques de mer. ceriqiies de mer , ne fe prennent point dans les eaux douces.
C e font les ciri-apoa des Bréiiliens , ou le xirika de la
Guyanne. Parmi celles-ci les unes font rouges en deiTus , &
blanches en deiTous ; les autres ont les diiFérentes couleurs
du ciri-apoa de Marcgrave.
Celles que l'on appelle crabes violettes font apportées des
liles voifmes par les Caraïbes. On les a tellement détruites
à la Martinique , qvi'on en trouve peu de cette efpece. Leur
Tourlourouï,
- Ceriques de riviere.
Crabes violettes.
( I ) Ces heures de repos fonc deux heures de relâche au travail dans
la journée , ordinairement de midi à deujc heures , & les Fêtes &
Dimanches : encore les jours de Pêtes ne leur font-ils pas accordés
en entier ; car ils font obligés fur prefque toutes les habitations d'aller
chercher la provifion de bois à brûler de la maifon pour toute la femaine
, fouventauffi des herbes pour les beiliaux, quelquefois de
coxiynencer les travaux du fucre dès le Dimanche au foir.
Crabes blanches.
Crabes honteui
& autres.
A L A M A R T I N I Q U E . 109
nom indique la couleur de leur écaille. Elles iont ordinairement
groiTes comme le poing , & quelquefois il s'en
trouve qui font deux fois plus groflcs. Sloane en donne une
bonne figure , vol. 1. in fine , tab. 11 , fous le nom de landcrab.
Les crabes blanches , qui habitent les lieuX marécageux ,
font encore communément plus groflcs que les précédentes.
On en trouve beaucoup de cette efpece. Leur couleur n'eft
pas précifément blanche, elle eft jaunâtre.
Pluficurs autres efpeccs fe trouvent encore à la Martinique
, quoique moins communément. Quelques - unes fonc
rapportées par Marcgrave : telles font le guaia-apura des
Bréfiliens , que l'on nomme ici crabes honteux , à caufe de
la façon dont elles appliquent leurs mordans contre leur
corps , comme fi elles vouloient les cacher. Telles font encore
les deux autres qu'il décrit après celle-là fous le nom de
g\uaia ; &C celles qu'il appelle , l'une uca-una, & l'autre guan-
^htimy : enfin deux autres efpeces qui font dcffinées dans
l'hiftoire naturelle de la Barbade , par M. Hughes, PL
XXKfiq-.'z&s.
On voit par cette énumération, comme nous l'avons dit,
combien cette claflTe du regne animal eft utile, aux Negres
pour leur nourriture.
Les écrevifl^es ne leur oiFrent pas moins de reilources ,
elles font très-communes dans cette Me. Celles qui ont des
mordans s'appellent écreviffes, celles qui i^i'ont pomt de
mordans , & qui ne font pas moins communes, fe nomment
boucs. Une efpece fe nomme écrévijfe cul rouge , parce
que leur queue 6c l'extrémité de leur corps font rougeâtres.
Les homars font plus rares. Il y en a qui n'ont point de
mordans, d'autres en ont ; un de ceux de cette derniere
efpece eft bien figuré dans Sloane ,, vol. II. tab. ^fig' 2.
Des Infecles^
EcreviiTes,
Homars,
L'Amérique eft le pays des infectes , aucune faifon n'en la ^lauinÎquT^cn
arrête les productions j elles font favoriiécs au contraire abondance & en
^ tout teins.
;î . .
I P ' î i ^ .
î. f •
t
fNitolU'l
„^i'flin
m