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pece de charrette, cabrouet ). O n n'y attele que des Sceufs.-
On y attele tcu- L'uiage cft d'en attclcr toujours quatre, quelque leger que
foit le fardeau qu'ils ont à porter.loiirs quatre O n ne les conduit pas
boeuf
A
^^ ^ ^^^^ ^^^ e les boeufs dans nos Mes par le col , fie nonpar
O n attele les
avec l'aio-uillon , on les conduit avec un fouet.
Ces deux habitudes vicieuies mettent dans la néceffité
d'employer toujours deux negres pour conduire une charrette
, ou cabrouet, là ou il n'en faudroit qu'un , ôc quatre
boeufs, lorfque deux fuffiroient.
Je voulus eflayer de n'en employer que deux, quoique
l'on me dît que les boeufs ne feroient pas aiFez forts: je
forcai les newes à ie foumettre à cet ufas;c, à convenir
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de ion avantage , mais ce ne fut pas pour long-tems que les
negres s'y prêtèrent.
Je les ai de même forcés a atteler & à conduire des chevaux
& des mulets à la charrette ; je fuis parvenu à les y
habituer. Attelée avec ces animaux elle porte autant que
celles qui iont traînées par des boeufs.
Ces faits contredifent fie détruifent fans repHque l'opinion
des habitans qui penfent le contraire ; mais par habitude
ils fuivent, fie fuivront fans doute encore long-tems
l'ancien ufage. Ce n'cft pas ici le lieu de difcuter laquelle de
ces deux méthodes eft préférable , en compenfant d'ailleurs
tous les autres avantages ou déiavantages qui peuvent fe rencontrer
de part fie d'autre.
O n atte
boeufs'par le col, k tête. J'ai VU pratiquer le même ufage en Efpagne ; c'eft
non par la tête. doute qu'il a paffé dans nos" Colonies de l'Amérique.
Lequel eft le plus
avantageuï.
Eft-il avantageux , ou ne l'eft-il pas ?
L'attelage des boeufs eft la premiere opération de l'agriculture
; cependant cette quefcion eft encore indécife , tandis
que ceux qui ont écrit fur cette partie en ont traité tant
d'autres plus éloignées , ou fouvent moins néceflaires.
Si l'on s'en rapporte à l'ufage , on n'en décidera rien ;
l'une fie l'autre méthode font employées dans les diverfcs
parties de l'Europe. Si l'on confulte la théorie ,. elle n'cft
pas encore fixée fiir cet article. La folution de cette qucftioB
exigeroit des détails, des connoiiTances fie des calculs.
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fur les forces des difîerens mufcles dans différentes fituations,
dont on ne paroît pas s'être occupé relativement à
cet objet. Cette recherche ne feroit-elle pas ailcz intéreffante
pour mériter l'attention d'un habile Phyiîcien ?
Quoi qu'il en foit, il feroit difficile de changer les méthodes
généralement adoptées dans nos Colonies. Par-tout
les hommes dans leurs raifonnemens conviendront du mieux
qu'il y auroit à faire ; s'agit-il d'exécuter , ils ne le font pas.
C'eft l'efprit qui raifonne , c'eft le cara£tere qui emporte fie
qui agit.
D'ailleurs jamais peut-être aucune efpece d'hommes n'a
été plus opiniâtrément attachée que les Negres aux ufages
établis. J'ajouterai même, avec une vérité dépouillée de
toute prévention , que telle eft leur malice fie leur méchanceté
, ( foit qu'elle leur foit naturelle, foit qu'elle naiffe des
mauvais traitemens qu'ils éprouvent quelquefois ) que le
plus grand nombre refuferoit de fe prêter à des changemens
avantageux , uniquement parce qu'il en réiulteroit un bien
pour leurs maîtres.
~ Les mulets font bâtés dans nos Ifles d'une façon plus
iîmple qu'en Europe, mais moins folide,fie beaucoup moins
commode. On leur met fur le dos un paillafTon , fur lequel
on fufpend quatre crochets , deux de chaque ccité ; on les
prend au hafard dans les bois ; on coupe deux branches
qui fe rencontrent enfemble , fie qui font une fourche , ou
un angle ordinairement très-obtus.
J'ai vu employer des bâts de France fur les mêmes mulets
; ils portoient alors de plus pefans fardeaux, plus commodément
fie plus folidement.
O n fait porter aux mulets , qui ont environ une lieue à
faire , dans des chemins unis fie aftez beaux , depuis cent
trente livres , jufqu'à deux cens livres pefant. Avec cette
derniere charge ils ne font ordinairement qu'un voyage par
jour ; avec la premiere , lorfque le travail eft preiTé , ils
feront jufqu'à trois voyages dans la journée.
On ne donne jamais de fon ni d'avoine aux chevaux, aux
mulets fie aux boeufs.
R i j
Les Negres plus
attaches auï ufages
reçus que par-tout
ailleurs. Pourquoi.
Maniere de bâter
les mulets aux Lies.
Evaluation do la
force ou du travail
des mulets.
Nourriture des
bêtes de cliaree.
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