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mat ou femblable ou plus chaud ; le iang qu'ils y apportent
avoit donc déjà acquis par la chaleur de 1 Afrique la même
aftivité la même fermentation , toutes les qualités enha
que lui àuroit données la chaleur de l'Amérique. Il nen
eft pas de même de ceux qui viennent des climats temperes.
Ce fait me paroît prouver évidemment qu'il faut chercher
la caufe immédiate de cette maladie du pays dans la
chaleur de nos liles,
c r., La médecine , comme la faine phyfiquc doit y vou ,
ainíí que nous l'avons dit, l'épaiffiiTement mévitable du fang
par l'excès des tranfpirations ou des fueurs i le défaut de
reffort dans les parties folides ; enfin la v i o W & le gonflement
que doit foufli-ir le diamètre des^ vaiiTeaux , par x
dilatatioÀ qm fe fait dans les hqueurs , loit a raiion de la
raréfaction de l'air , foit à raifon de la moindre compreffion
qu'éprouve la furface des corps , dans une atmofphere
'""dÎ-S les Médecins concluroient fans doute {^ccû auffi
l'avis des plus prudens ) qu'il feroit convenable d'etre faigne
& purgé dans'la route , lorfqu'en avançant dans la zone
torride , on éprouve une température plus chaude , & de
renouveller ces mêmes précautions , quand on arrive aux
^%our remplir les mêmes vues , ne feroit-ce pas auffi le
cas de prendre quelques bains de riviere, a leau froide ,
fur-tout dans les premiers tems ?
. , . . La plûpart des perfonnes négligent au contraire ces pre-
On reconduit de . f t- ^rf„,^uifent d'une façon toute oppolee. Jiii-
& même par l'accueil agréable que reçoivent les étrangers ,
ils fe livrent fouvent fans modération^ tous les paihrs
comme ceux qui font habitués à ce chmat. La table, k
S e le jeu ^es veilles , le vin & les liqueurs , d autres
S t n f t a n i e s encore , qui fe réumffent aulli quelquefois au
chac^rin d'être défabufé fur les chimériques efperances de
avec lefquelles on s'étoit embarqué tout fécondé
S o n de la chllcur du climat ^ leur fapg eft bientôt -e^.-
jfiammé.
Précautions pour
J g prévenir.
A LA M A R T I N I Q U E . 79
Cependant il ne faut pas croire que ces précautions ,
utiles fans doute pour prévenir cette cfpece de maladie,
fuffifent toujours pour en garantir. Parmi les divers exemples
que nous en avons vus , nous ne citerons que celui de
notre ami &C compagnon de voyage, M. le Chevalier de
Cliimbaud.
Jamais on ne fut plus modéré que lui dans tous fes bcfoins
, &c plus éloigné de toute efpece d'excès. Homme véritablement
pieux"ôc vertueux , il étoit très-iobre dans fa
nourriture , & ne buvoit que de l'eau. II mangea d'autant
moins dans le voyage , que pendant prelque toute la route
il fut incommodé de la mer , au point que fon eftomac ne
pouvoir rien garder. Quelque tems avant notre arrivée, il
prit les précautions néceilaires pour hume£ter & rafraîchir
ion fang.
Malgré toutes ces attentions, deux heures après que nous
eûmes mis pied à terre, il fut attaqué de la maladie du pays.
Elle s'annonça par une fièvre ardente , le vifage &: toute la
peau enflammée , un mal de tête violent , accompagné
d'un fi grand aiToupiiTement, qu'il ne pouvoir fe foutenir
debout, Se dormoit dès qu'il fe repofoit.
On peut voir dans les récapitulations de la quatrième
partie de cet ouvrage , que de iept perfonnes qui faifoient
avec moi ce voyage , dont cinq hommes deux femmes,
les cinq hommes efluyerent cette même maladie , avant
l'efpace de fix femaines.
Aucun n'avoit pris autant de précaution queM.de Chimbaud
; aucun n'apportoit autant d'attention que lui fur fa
façon de vivre. J'en apportois encore moins que perfonne ;
mes afi^aires mes occupations ,, qui exigeoient des courfes
, beaucoup d'application , un genre de vie également
fatigant pour l'efprit & poui- le corps , tout s'oppofoit à
l'attention que j'aurois dû avoir pour ma fanté. Je pris feulement
à la hâte, dans des momens dérobés à cette agitation
, quelques bains de riviere ; les autres en prenoient
auili ; je fus cependant le dernier à fuccomber ; je n'efîuyai
cette maladie à mon cour, que près- d'un an après moa
arrivée.
Les piiííaijtions
utiles n'en gar;ii>-
tiireiit pas rcujours.
Exemple rcmar-r
quablc.
t
De fír Ronimeí
cinq attaqués de
cette maladie.
Le iîïiemeen fut
attaqué quoiqu'il
ne prît aucunes
précautions.