V O Y A G E
les mulcts les chevaux , les brebis , ( on dit aux Ifles les
moutons ) cette cfpece de chèvre à poil ras , que l'on y appelle
cabrit, les cochons & les lapins.
Quand on a vu la plupart de ces animaux en Efpagne
on. rcconnoît que c'eft de-là qu'ils ont été tranfportés ori-
Les races d'Europe
tranfportces
gman-ement..
^^ ^ ^ ^^^^^^ On ne voit dans nos Ifles-que de petites races en tout
de pe:i:es c:- gcnre ; on ne ie donne aucuns ioins povir en avoir de belles ;
il on en etabliffoitde la grande efpece,elles dégénéreroienC
fans doute dans- la fuite , mais l'art travailleroit contre la
. nature ; avec le tems on parviendroit à avâir de meilleurs
animaux ciomeftiques.
Ce feroit au- Gouvernement à avoir ces vues , celles de.
l'habitant ne tendent toutes qu'au moment préfent ; nous
avons déjà dit que tous fe flattent de ne pas y demem-er
long-tems..
En arrivant nous avons entendit dire ( même par les perfonnes
dant le commerce effc de vendre 6c d'acheter des
chevaux, ou de les foigner ) que depuis le mois-de janvier
le poil de ces animaux croît de plus en plus jufqu'au mois
d'août ; qu'alors , après avoir celle de croître , il commence
à tomber au mois d'o£lobre , de façon qu'il eft ras au mois
de décembre , ou pour le plus tard aa commencement de
janvier^
Ce que nous avona obfervé n'eft pas conforme à cette
aifertion. Celui de mes chevaux ne parut croître fenfiblement
qu'au mois d'août : ( dans cet état on l'appelle à la
Martinique leur psil d'hiver ) il ne parvint à toute fa crue
que dans le mois de feptembre. Il commença à tomber dans
le mois d'octobre , à la iîn de décembre il n'étoit point
encore ras. Nous continuerons d'indiquer cett-e obfervatioii
dans les années fui vantes.
5.ats & fouris. foiu-is & Ics rats ont été fans doute apportés auffi.
Leurs dégâts font d'Europe dans nos Ifles. On n'im.agineroit jamais les dégâts
laapprcaables. qu'ils font. Ils mangent les cafés , quand la pulpe qui enveloppe
cette graine eft encore fraîche 6c fucculente ,
rongent les; cannes fur pied. H y a des habitations dont ils.-
A L A M A Ë t I N I Q U E.
détriiifent le tiers du revenu ; cette perte confidérable fc
fait fentir même fur le revenu des années fuivantes , par la'-
maiivàife qualité des cannes à fucre qui en ont été attaquées.
Ces animaux , prefqu'auffi gros que les chats, contre lef--
quels je les ai vu fe défendre quelquefois avec aiV^antage , no
ceilcnt de produire toute l'année ; chaque ventrée en met
au jour une douzaine. Les gens qui réfléchifîènt penfent quefi
ôn les laiffe multiplier autant qu'ils ont fait jufqu'à préfent
, ils parviendrënt à détruire entièrement les principales
produdions de cette Ifle. Tout le monde en cônvient,
& perfonne ne s'occupe férieufement des moyens de sy
oppofet.
Ce feroit donc encore un objet digne de l'attention dii
Gouvernement, d'encourager à leur entiere deflruction. Les-
Anglois font parvenus' à détruire les loups en Angleterre ,
itn calcul fort funple demôntreroit la même poiîibilité àl'égard
des rats dans nos Colonies.
Quelques habifans , les- uns par raifôn & par prudence
les autres avertis par les pertes qite leur ont fait effuyer ces
animaux ^ ordonnent à chacun de leurs efclavès de prendre
un cel'tain nombre de rats chaque femaine.- Ils ont tant de
facilités pour en prendre, que ce a'eft pas une contrainte^
gênante pour euX ; mais le nombre de ces habitaiiS raifonmbles
cft trop peu-confidérable pour arrêter le mal.-Ilfaudroit
que cette attention devînt générale.-
On peut fuppofer fans erreur qu'il y a foixante mille efclavès
à la Martinique , que l'on pourroit employer à leuldeflruction
; multipliant ce nombre par celui des femaines
comprifes dans une année, on voit quelle prodigieule quantité
de rats on aurôit détruit dans peu de tems , fi tous les»
maîtres obligeoient chacun de leurs efclaves à en faire périr?
feulement un chaque femainc.
Ce moyen eft fimple & démontré. Croiroit-on cepen-'
dant que des pérfonnes raifonnîibles 6c intéreiTées à fuivro
ce confeil , le négligent, & font arrêtées par le vain pré^'
texte que ces animaux? fe multiplieroient eniiiite de nou--
L'avantage d'en-^
coLirager lèar de&
truftion.
Moyen d'y paivenir,
prouvé,-
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