L'embonpoint,
Pcclat du teint ,
mauvais préfage.
Idée ¿eia.maladie
du pays.
Les tempcrâmens
robaftes y peuvent
feuJsrcfiiier.
Ses divers noms.
i f ^ VO Y A G E
là pour être acclimaté , fi je puis me fervir de ce terme;
.es Européans qui arrivent , fe font aifément diilinguee
par leur embonpoint, & par l'éclat &: la ffaîcheur de leui'
teint. Ces avantages , qui par-tout ailleurs annoncent las
fanté , ne font qu'un préfage funefte pour eux.
Le fang tranqmlle bien compofé que ces étrangers^
apportent dans ce climat dévorant, éprouve le même eiFet
que le lait expofé fur le feu ; il bout dans l'inftantrien
ne peut l'empecher de s'extravafer,.
Ordinairement en Europe ,, même dans les maladies aiguës
, la nature ne va pas iî précipitamment, qu'elle ne
donne le tems de l'oblerver ôc de fuivre la route qu'elle
)rend ; aux Mes elle eft iî prompte , que iî l'on tarde à faifua
maladie dès l'inftant qu'elle ie déclare, elle fe développe
tout-à-coup avec une violence que la médecine ne peut plus
fubjuguer ; tout eft perdu. On traite alors le malade comme
un bâtiment incendié , dont il faut facrifier une partie,
pour en fauver feulement la carcaiTe. On lui fait dans vingt-:
quatre heures jufqu'à quinze ou dix-huit faignées , dont les
intervalles font remplis par d'autres remedes. Un homme
n'eft pas plutôt tombé malade , qu'il voit à fes côtés le
Médecin , le Notaire ôc le Gonfeiîeur, tous trois prefque
au même inftant.
Tel eft le tribut effrayant par lequel on fe naturalife aux
Ifles. Eft-il furprenant après cela que l'on y parvienne à uns
vieillefTe longue, Se exempte d'infirmités , quand on a repouifé
ces dangereux aiFauts , que le climat livre à tous les
âges, & fur-tout à la jeuneffe ? Cette violente épreuve , effc
une vraie pierre de touche pour les tempéramens. Les foibles
y fuccombent, ceux qui réfiftent doivent être d'une iî
forte conftitution , que leur fanté peut fe foutenir jufqu'aiu
dernier période de la vie.
On a donné à une maladie auiTi brufque le nom de maladie
matelote ; elle enleve chaque année un grand nombre
de matelots. Excédés de fatigues, & quelquefois de mifere
ou de débauche , ils en font rarement exempts.
Elle eft fi ordinaire qu'on lui donne auiîî le nom
ladU du pays^^
A L A M A R T I N I Q U E.
Enfin elle conferve encore le nom de maladie de Siam ,
«qu'elle eut d'abord , parce qu'on prétend qu'elle en fut'
apportée par uîi vaiiTeau^des Indes, qui relâcha àia Mar--
einique.
Cette maladie, beaucoup plus dangereufe autrefois , étoic'
~ ' ' '' ^ ' jIus violens. Le fan2 forlueur
, ce qui arrive encore
3 P _ — —_
accompagnée des fymptômes les p
Coit par cous les pores comme lafu(
quelquefois.
Oh dit qu'elle n'attaquoit jamais les-Américains dans les
commencemens qu'elle s'intrôduifit ; aujourd'hui elle les
traite en peuple conquis.
On juge par ce détail de l'épuifemetit où doit être le ma--
îade s'il en réchappe ; de la lenteur &c des difficultés de la
convalefcence ; des fréquentes rechûtes ; enfin de toutes les
autres maladies qu'entraîne cette yive fecoufîè.
L'une de fes fuites les plus ordinaires , eft-une fièvre lente,
ou une langeur habituelle , produite par l'afFaiffement &
l'abandon de toute la machine , que l'air Se les-alimens trop
foibles du pay^ne peuvent pas rétablir'; d'où réfultent bientôt
des obflruibions, des jauniiTes ».des gonflemens de rate,
en un mot des cachexies complettes , qui, quelquefois y
fuivent le cours ordinaire , ôc iè tern^inent par rhydropiiîe.'
On pourroit dire qu'il n'y a point dans nos Ifles d'autre
maladie précifémefiCpatticuliere aux blailcs ; les autres n'en
font ordinairement qu'une fuite. - Le caraftere de cette ef-'
pece de fièvre maligne eft principalement marqué par des»
hémorragies par le nez , par les yeux , ou par d'autres parties
du corps.
Quoiqu'elle n'ait pas toujours ces mêmes'fymptômes
elle conierve cependant le même nom. Ainfi l'on confond
ijidiftindement fous la dénomination de maladie du pays ,
de maladie de Siam , ou de maladie matelote , toutes fièvres'
malignes , tenaces violentes. Jé préfume qu'elles ne dif-'
ferent de celle d'EUrope que du plus au moins de malignité.
Les Negres n'y font jamais iiijets , non pas mêmeceuï
arrivent de Guinée. Le climat n'éprouve point ceux-ci
à.leur arrivée comme les Européans. Ils viennent d'un cli-^
Sas fuites>
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principal.
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C'eft une iôrtede
fièvre maligne, •
Les Negres n'yV
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