Saucerçîlçs,
Hannetons.
Bêtes rouges :
ce que c'eft.
I I . VO Y A G E
dans les maifons. On ne l'entend iiulii c|ue b nuit, mais 11
n'eft pas defagréablc à entendre. Le bruit qu'il fait , loin
d'être dilcordant, comme celui du précédent, eft préciiejnent
comme un ion métallique, répété fucceirivement trois
fois de fuite , entièrement femblable au bruit que feroient
de loin trois coups de marteau frappés fur une enclume l'un
après l'autre èc avec mefure. C'eft de-là cju'eft venu le nom
de machoquet qu'on a donné à cette efpece de grillon , parce
qu'un forgeron s'appelle aux Illes mackoquet. Une moitié
de la Tuperticie de les ailes paroît gravée , comme fi elles
euftent été gaufrées. Les Anglois de nos Mes voiunes l'appellent
auflî, à caufe de ce bruit ou de cç tintement, the
çlinekcr , ou gtilly-bell.
Les fauterelles font communes. Nous n'en avons vu que
de vertes & de grifes. On en trouve fréquemment de trèsgrofles.
Elles tiennent toutes dans les bois , rarement
dans la campagne.
Rien n'eft fi commun que les hannetons. Le foir attirés
fans doute par les lumières , ils auroient bientôt couvert
les tables , ii l'pn ne s'occupoit à les détruire à tout inftant.
De tous les infettes de la Martinique, il n'en eft point
d'auili multiplié que celui qu'on appelle bêtes rouges. On ne
fauroit fiiire un pas fans en être incommodé, à moins qu'on
ne fôit dans les bois, On le trouve par-tout, & par milliers ,
fur la terre nue comme fur les plantes , mais particulièrement
dans les prairies , ou , comme on dit aiix Ifles , dans
k s favarmes. Quand on s'y promene, on eft auffi-tôt aiTailli
de ces petites bêtes par tout le corps. Elles montent quelquefois
jufques dans les cheveux. Elles s'attachent à la chair.
Elles V enfoncent leur trompe pour fucer ; cette piquûre
fait naître dans l'inftant une petite enflure à la chair avec
une légere inflammation, caufe le^ plus cuifantes démangeaifons.
Gomme il eft prefque impoffible d'y réfifter fans
ie gratter, il en réfialte fouvent des ulcérés ; & les ulcérés
à l'Amérique font prefque toujours dangereux longs à
guérir , à caufe de la qualité du fang, ôc de celle des alimens
du
Poux de bois •
fourmi qui détruit
tout.
 L À M A R T î N I Q U E. 1^ 3
du pays. Cet infede rend toutes les promenades impraticables.
Il eft d'une belle couleur d'écarlate , & prefque invifible
, tant il eft petit. Pour s'en délivrer on fe lave avec de
l'eau dans laquelle on mêle du jus de citron , ou quelque
liqueur fpiritueufe , comme l'eau-de-vie ou le taffia.
'Un autre infede auiTi commun, Se plus nuifible encore ,
c'eft celui qu'on appelle poux de bois. Il a en efl^et la groffeur
bc l'afped d'un poux ; fa couleiu" eft d'un blanc rouiTeâtre.
Il eft fans ailes. Ils vivent en troupe dans des efpeces
de ruches , defquelles ils communiquent par - tout où ils
veulent par des chemins couverts qui (ont faits de la même
matiere que leurs ruches.
Cette matiere eft une forte de pâte compofée avec une ont une iiqucu-c
liqueur qui leur eft naturelle , & qui leur tient lieu d'un dif- q«
folvant univerfel ; en quelque lieu 6c fur quelque chofe
qu'ils placent leurs ruches, Se les chemins couverts qui y
aboutiifent , foit fur le bois des maifons , foit fur l'écorce
des arbres vivans , fur le papier , fur les hardes, fur les
jierres, fur les métaux , tout eft entamé &: dilTous par cette
iqueur. Mêlée avec ces matériaux , elle forme , comme
nous ventsns de le dire , une efpece de pâte , qu'ils étendent
de l'épaiffeur à peu-près d'une carte à jouer , pour en faire
leurs chemins couverts & leurs ruches. Ces ruches ne font
elles-mêmes qu'un tas de ces chemins couverts , aiTemblés
l'un fur l'autre en tout fens. Prefque toutes les maifons dans
nos Ifles étant conftruites en bois , ces infedes en ont bientôt
détruit les pieces les plus nécefl^aires à la foHdité du bâtiment,
fi on n'arrête pas leur travail & leur multiplication.
On a trouvé un moyen aulli efficace que proxnpt d'arrêter
leurs ravages , ôc de les détruire eux-mêmes , c'eft l'arfenic.
On en met feulement une pincée dans leurs ruches par un
petit trou qu'on y fait , ou dans un des chemins couverts
qui y conduifent ; au bout de quelques heures des millions
de poux de bois qui étoient affemblés dans cette ruche ,
périifent tous fans exception.
Cet infede eft une efpece de fourmi. Il me paroît être le îft le vag^vague
p du Sénégal,
f r
Moyen prompt
& infaillible pour
les détruire.
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