Ne font point
velus.
Leurs yeux.
Leur nez.
Leur phyiîono-
Leur taille.
Leurs jambes :
ufage à cec ég^ rd.
Le même pour
les femmes.
Ont une odeur
forte,
Des facultés de
leur eipric.
44 . . VOYAGE
crois pas qu'ils cuilent aucun intérêt à le cacher. Cependant
ce fait eft à vérifier ; le pere Dutertre avance le
contraire ( 5 ).-
Je n'en ai vu aucun qui fût velu aux jambes , aux cuiiTes,
aux bras , ni à la poitrine.
Les yeux des femmes comme des hommes font toujours
noirs , gros & un peu faillans ; ils ont les uns &c les autres
un regard ftupide ôc eiFaré.
Leur nez eft épaté ; leur vifage paroît applati ; peut-êtreque
c'eft leur front qu'ils applatiiTent, qui fait paroître tel
leur vifage. Leur phyiionomie eft trifte.
Leur taille eft médiocre, renforcée & nerveufe, telle
enfin qu'il faudroit pour en faire des corps très-rohuftes ,,
il leur vie &c leurs exercices fecondoient ces difpofitions naturelles..
Leurs jambes pleines & nourries font prefque toujours
bien faites. Ils les mettent, pour ainfi dire , au moule , enles
liant par le haut & par le bas dès leur enfance.
Les jambes des femmes étant expofées à la vue comme
celles des hommes , demandent la même attention.
Ils ont tous une odeur forte & defagréable. Je ne puis
rien indiquer qui pût en rapprocher l'idée. Quand on trouve
ailleurs une odeur femblable , on l'appelle aux Mes une
odeur de Caraïbe ; ce qui prouve l'embarras où l'on eft dela
déiîgner.
Ce n'eft pas la couleur rougeâtre de leur teint, ce ne font
pas leurs traits différens des nôtres , qui mettent une û
grande difference entr'eux & nous ; c'eft leur exceffive fmiplicité
, ce font les bornes de leur conception.
Qu'il y a loin de ces hommes ftupides à ceux qui ont
mefuré l'étendue des cieux , qui ont calculé la marche des
aftres , leurs gravitations réciproques , & le retour périodique
de ceux mêmes qui fe dérobent à nos yeux, pour ne
( 5 ) 1[ dit « qu'ils fe l'arrachenc poil à poil avec la pointe d'un couteau
, & qus. s'il en refte , ils la rafent avec une herbe qui coupe^
w comme un rafoir T. 2 , p. 3 5,2. ^ '
A L A M A R T I N I Q U E . 45
feparoître près de notre globe qu'après pluileurs lîecles !
Qu'il y a loin de l'intelligence d'un Caraïbe , à ceux dont
le génie franchiiTant l'intervalle immenfe qui nous féparoit
de la demeure de ces peuples , nous a tracé fur les eaux une
route aiîiu-ée pour y parvenir !
Ces réflexions qui paroiflent applicables en général àtoutes
les nations que nous appelions /¿zww^« , le font encore
plus particulièrement aux Caraïbes. Rien n'égale leur
ftupidité,-
Leur raifon n'eft-pas plus éclairée , ni plus prévoyante
que l'inftinél des bêtes. Celle des gens de la campagne les
plus groifiers , celle même des nègres élevés dans les parries
de l'Afrique les plus éloignées du commerce , laiiïe entrevoir
quelquefois une intelligence encore enveloppée
mais capable d'accroiflemens.. Celle des Caraïbes ne paroît
prefque pas en être fufceptible.-
Si la faine pliilofophie & la religion ne nous prêtoient'
pas leurs lumières ; fi l'on fe décidoit par les premieres impulfions
de l'efprit, on feroit porté d'abord à croire que'
ces peuples n'appartiennent pas à la même efpece humaine
que nous.
. Par toutes-les queftions que je leur ai faites , je n'ai pu Leur relia-ion.'
découvrir qu'ils euilent aucune religion. Ils ont fur la Di--
vinité cette opinion fi ancienne & fi répandue , que l'on
. retrouve dans prefque toutes les nations ignorantes & bar-- Ooyent un bon
b-ares-, & dans celles même qui ont été éclairées & civi- mauvais prin-
I lifées ; ils-croyent un bon & unmauvais- principe.-
L'un peut donner de riches moiflons , l'autre peut k s dé--
truire ; conféquemment ils craignent l'un plus qu'ils n'aiment
l'autre. Ils font des ofFrandes à l'Etre malfaifant, &
ne rendent aucun culte à l'Etre bienfaifant.
Seroit-il impoffible de démêler l'origine de ce fyftêmc dereligion
, fur-tout chez les Caraïbes ?
Il eft plus facile d'émouvoir les hommes par la crainte,. ôri'^ine de c
<que de les intéreiTer par la reconnoiiTance. Le defir de leur' fyftêmè^'Te reii!
propre confervation les ramene au premier fentiment,,notre
orgueil nous éloigne du dernier,
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