Roquets,
Maboya.
m
Ï04 VO Y A G E
bonne figure de l'un de nos anolys. Tab. ^ . q»-^^^
çi^ncWc lacertiis minor loevis.
Si le P Dutcrtre ne difolt pas aulli que les lezaids gns
qu'il appelle font d'un pied ¿e long, je crou-oisque
ce font les mêmes que nous avons à la Martmique dune
W u e u r infiniment moins confidérable. Sloane refte a cet
éga?d dans le même doute que nous , fans doute par la
mêmeraUon, car cette efpece de lézard gns n a felon
l u i , que deux pouces & demi de long a la Jamaïque. H en
cft de^nême de ceux que j'ai vus. Il le décnt fous le nom de
lacenus circneus minor, 6c en donne une bonne figure , tab.
^•^Ce Î f ê n t Naturalifte anglois place au rang "des falamandres
un autre lézard, ( dont il donne une figure moins parfaite
) qui eft connu dans nos liles fous le nom de maboya
Il eft fi hideux , qu'on en a autant d'horreur que s il etoit
malfaifant. On di? cependant qu'il s'attache fi
tout ce qui lui fert d'appui, que s'il va fur les perfonnes ,
on L peut pas le détacher de d e f f u s la peau. Cela n eft pas
peut-êt^-e exL^ement vrai, cela ne l'eft pas du moms fans
exception, j'ai vu le contraire.
Des Grenouilles.
Les grenouilles les plus communes à la Martinique font
fi aroifes, qu'on les mange en fricafiTée en guife de poulet ,
¿ l e s étr;5gers s'y méprennent fouvent. On les appuie
crapauds. Leur grofreur & leur couleur qui approche aiT z
de Ll l e des crapauds , leur en a fait fans doute donner le
nom. _ ^
Jjes lortues.
On ne trouve point de tortues à la Martinique , on va
les prendre fur les côtes des Ifles voiimes. Nous n en avons
vu L e de deux efpeces : l'une eft le carret , qui eft celle
dontS'écaille employée à différens ouvrages , eft fi connue
fous le fimple nom d'écaillé.^ l'autre efpece , dont il y en a
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de prodigieuicment grande , eft le jurucua de Marcgrave
on l'appelle tortue franche ; c'eft celle qui fe mange. C'eft
un manger très-eftimé dans nos liles. On en mange auili
les oeufs''. Se beaucoup de gens en font très-friands ( 6 ).
On fait que cet animal eft un de ceux dont la vie clt la
plus tenace. Les expériences auxquelles on l'a fournis , prouvent
qu'il peut vivre long-tems fans refpirer ( 7 ). J'en ai vu
dont les chairs palpitoient encore d'un jour à l'autre , après
que T'animai avoit été entièrement dépecé. Marcgrave dit
en avoir confervé une en vie pendant vingt-un mois dans
l'eau , fans lui donner aucune nourriture.
Nous les avons vu employer fréquemment pour les maladies
de la poitrine , de deux façons. On en fait des boudions
, & les malades en boivent le fang au moment qu'on
vient de tuer l'animal. C'eft un des remedes auxquels on a
le plus de confiance aux Mes pour les poitrines délabrées ,
d'autant plus qu'on n'a pas la reilburce du lait d'aneiie
comme en Europe , parce que les âncffes y font très-rares.
Des Poijfons.
La nature a peint les poiiTons de l'Amérique comme les
oifeaux , des couleurs les plus brillantes. Cet agrément
femble être encore une de ces fortes de compeniations
qu'elle employe ordinairement pour dédommager des qualités
qu'elle refufe d'un autre côté. Comme alimens , ils lè
( 6 ) Le P. Dutertre parle d'une trolfieme efpece de tortue , appellée
Kacuanne , qu'il dit être fort peu eftiraée & d'un mauvais goût , &c.
Hifi. des Ant. t. IL p. 218. Le P. Labat en parle auf f i , &c en faitaufli
Nouv. voyao. aux IJles , t. I.p. li^. _
( 7 ) M. Mery ( eft-il dit dans les M ém. de l'Academie, tom. 11.
p 17Î ) , ayant fortement lié les mâchoires à deux tortues , leur avoic
ii:'ellé la aueul e & le nez , eaforte qu'il n'y pouvoir paiTer d'air ; cep
e n d a n t elles vécurent, l'une trente-un jours, & l'autre trente-deux.
l l e n l ç v a e n f u i t e l e fternum à un chien , & le plaftron à une tortue,
l e cluen mourut peu de ceins après , ôf U tonue vécut f g t jours.
&
Wuiîeurs ont de
belles couleurs.
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