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rn
j-®. PolJTons.
f . Cruftacces,
in/èftes.
7®. Coquillages.
Des hommes de
trois couleurs habitent
nos Illes,
Les Europeans,
ou Blancs.
30 VO Y A G E
Nous rapportons ce qui concerne les poiiTons que l'on
a eu occafion de voir.
Enfuite ce qui eft relatif aux cruftacées. Nous n'omettons
pas fur-tout les infedes qui vivent dans l'air, fur
la terre ou dans l'eau, & dont ce pays fourmille, foit
qu'ils ie foient préfentés à nous dans la campagne, foit que
nous ayons fuivi dans le cabinet leurs diverfes métamorpliofes.
Les obfervations fur les coquillages terminent l'article
du regne animal.
Des différentes perfonnes qui habitent les IJles du Vent.
On fait que nos Mes du Vent font habitées par trois
fortes de perfonnes , dont les couleurs font différentes.
Par les Européans qui^s'y font établis depuis près de
150 ans ; on les défigne tous , même ceux qui arrivent
journellement, fous le nom général de Blancs.
Les Caraïbes. Par ceux qui habitoient ces contrées avant la découverte
du nouveau monde , dont le teint eft à-peu-près de
couleur de biftre , un peu plus rouge. On les nomme
Caraïbes.
Par les Negres, dont tout le monde connoît la couleur
, & dont les nuances varient, fuivant les lieux dont
ils ont été tranfportés à l'Amérique.
Il y a encore les mulâtres, ou autres enfans qui proviennent
de leurs mélanges ; nous les comprendrons
tous , comme on le fait aux Mes fous le nom général de
Negres. Il feroit trop long de fuivre toutes les variétés
qui réfultent de ces mélanges.
Des Américains.
Quoique je fois né à la Martinique, je ne me défendrai
pas de parler du caraftere & du génie de fes habitans.
Cette partie tient à l'hiftoire naturelle d'un pays.
L'amour propre Se la prévention commune à tous les
Les Negres.
A L A M A R T I N I Q U E. 31
hommes en faveur de leur patrie, ne coûteront rien à
ma iincérité.
Les Américains de la Martinique rachetent leurs défauts
par de très-bonnes qualités , & leurs défauts tiennent
louvent aux mêmes principes que leurs vertus.
Ils font braves , intrépides, généreux , & auiTi attachés
au Roi que s'ils avoient le bonheur de le voir & de
le fervir de près.
Mais les effets qui réfultent de ces qualités , font affujettis
à des circonftances plus ou moins favorables ; ce
feroit mal juger du caraitere d'une nation , que d'ailéoir
fon opinion fur un feul événement.
C'eft dans ces Mes qu'on voit accomplir ce voeu de la
nature ^de la politique , qui exige qu'aucun homme ne
foit inutile à la fociété. Tous les Américains ont un état.
Les uns font deftinés aux armes. On les exerce toute
l'année. Malgré cet exercice continuel, on ne fauroit en
faire des troupes difciplinées. On ne doit en attendre au
jour du combat, que de l'ardeur & du courage.
Les autres chargés du maintien des loix & de la fureté
publique, y confacrent leurs veilles , leurs travaux , fans
autre efpoir , fans autre prétention que l'honneur feul,
avec un déiintéreffement qui devroit fervir d'exemple à
toute la terre. La juftice dans les Confeils fupérieurs de
nos Colonies, eft accordée gratuitement à celui qui la
reclame. Les Officiers de ces Confeils ne retirent de leur
ilace & de leur travail, ni épices, ni gages, ni émoumens.
Cependant, là comme ailleurs , les procès exigent
des frais confidérables.
C'eft dans ces climats encore où l'on exerce avec empreffement
envers tous les étrangers, fans exception,
cette généreufe ôc tendre hofpitalité , dront l'hiftoire ne
nous offre plus que les anciennes traditions des premiers
âges du monde.
On reproche aux Américains que l'oftentation a fouvent
part à la nobleffe de leurs procédés. Si ce reproche
n'eft pas injufte , ce défaut tourne au moins au profit de