Preuves de l ' e -
s i f ténce de Dieu ,
par l'origine de
l 'homme & par la
jiature.
•Sont fans effet
pour eu.\-.
Leur idée far
leur'primirivè or i -
gme .
4§ V O Y A G g
de leur en indiquer les preuves , de leur en donner k pki^
foible notion , fous quelque image qu'on veuille la leur ia-
Iinuer. • '
Cliez les peuples policés , tout annonce cette exiftenct?
d'un Etre iuprême ; c'eft fur-tout dans les merveilles de la
nature, dans l'harmonie de l'univers , qu'elle fe montre
avec magnificence. De- là nous imaginons qu'il eil aiié de
le faire connoître à tous les hommes , en leur indiquant ce
.qu'il a fait.
Nous trouvons encore des preuves de cette exiileiice
dans nos méditations fur celle de l 'homme , fur fon ori-
„gine , fur la fuçceiTion invariable des générations humaines.
Mai s ces deux fortes de preuves , fans force pour les
Caraïbes , leur font auiîî inutiles qu'à ceux d'entre nous
qui font déjà convaincus de cette vérité par la religion. Ces
réflexions à la portée de tous les efprits , ces premiers principes
de la métaphyfique , qui nous forcent à convenir que
l'univers n'eft pas l'ouvrage de l 'homme, qu'il eil: gouverné
par une intelligence fuprême , nous paroiilent cependant
limoles , frappans èc conciuans. Nous devons fans doute
leur grande évidence , &C la conviction facile que nous en
ayons , aux lumières d'une raifon plus cultivée, plus perfectionnée
que celle de ces peuples. Ces principes iî {Impies
pour nous , font au-deiTus de leur intelligence.
Un Caraïbe vous entendra lorfque vous le queitionnerez
fur fon origine , Se fur celle de fes ayeux les plus proches.
Il vous dira qu'il doit le jour à fon pere , celui-ci à fon
o-rand-pere, &cc. Mais fi en le queftionnant de même vous
fe conduifez fucceffivement jufqu'au chef de ces différentes
nations , jufqu'au premier Caraïbe de qui lont nés tous
les autres , il vous répondra que ce premier homme eil
defcendu du Ciel.
Lui demandez-vous qui a donné naiiTance dans le Ciel
à ce premier Caraïbe ? Sa réponfe eft la même , c'eft encore
une fuite de généalogies. On ne fauroit conduire leur
clprit plus loin ; on ne leur fait point entendre qu'il faut
enfii]
A L A M A R T I N I Q U E .
^i f in dans cette recherche remonter à un Etre qui n'a point
:de commencement , auquel tous les êtres créés doivent
leur origine.
Ainfi l'idée de l'infini ou de l'éternité, qui pour nous
pft incompatible avec la fucceflîon des générations humaines
, femble chez eux n'être attachée qu'à cette même
fucceffion ; elle ne fe préfente à leur foible conception que
fous cette image.
Cela eft fi vr a i , qu'ils croyent ( &C c'eft auffi le témoignage
du P,Du.tert;re , dont j'emprunterai les paroles) : c' ils
croyent qu'il y a entre leurs dieux diverfité de fexes ;
qu'ils miiltiplient ; qu'ils ont été hommes comme eux ;
V qu'ils font de diverfes nations , ëcc. n.
Quoiqu'ils ne regardent ces dieux que comme des hommes
, à peu près femblables aux autres , cependant c'eft
l'un d'eijx , qui , felon quelques-uns , a fait feul le firmament.
Selon d'autres , ce n'eft pas l'ouvrage d'un feul ; le
dieu des Mes a fait le ciel des liles , le Dieu de la France
a fait le ciel de la France , &c . Ils ne conçoivent pas
^ mme n t cela s'eft fait ; cette création eil au-deflus de
îeurs connoiifances ; mais elle ne leur donne aucune idée
de divinité , non plus que la poudre à oanon dont ils ignorent
la compofition , ne leur perfuade pas que nous fommes
de^ dieux,
Ainfi le fpeitacle de la nature , ce livre qui nous paroît
éloquent pour tous les hommes , où nous apprenons à conjnoître
une volonté fage puiifante , n'eft pas même intellio
ible pour eux. L'organifation des êtres créés , le concour
s , les rapports , la correfpondance réciproque de toutes
les parties qui compofent l'univers , leur échappent.
Comme ils ne réfléchlifenc point , &c que leur indolence
les rend très-peu fufceptibles d'admirat ion, leur coeur &:
leur efprit mdifFérens &c tranquilles jouiiTent de ce§ merveilles
fans étonnement , fans émotion , fans y donner
;nême aucune attention. Comment pourroient-elles donc
les ramener comme nous à l'idée d'un Etre fuprême ? U »
• - Q
iiiitmt:
L ' i dc : qu'ils ont
de l'infini , s 'appl
ique aux g ene -
rations l iuaiaines .
Or igine de leurs
dieu-ï.
Leur s idées iîir
la création des d i -
verfes parties dn
l'univers.
Rega rdent iâiis
attention le fpeiftad
e de la nature»
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