Indigo extrait
par l'Auteur d'une
plante étrangère à
cette famille.
II 7 auroit peutêtre
de l'avantags
à l a cultiver.
.i;
L'agîicultnrepeu
étudiée aux Mes.
114 V O Y A G E
tanique nous y ont habitués ; mais il n'eft pas orduiau-c
qu'elles fc retrouvent dans celles d'une famille diiFérente.
Nous rapportons dans nos récapitulations un anonis^ que
nous avons obfcrvé dès les premiers tems de notre arrivée.
Les Botaniftes le déiignent ibus le nom ^indigo 'de la Giia^
ddoupe , je ne fais fur quel fondement. On ignore dans nos
liles , & fans doute auffi dans les autres lilcs françoifes &
angloifes, qu'il ait les propriétés.de l'indigo. Il n'en eft
fait aucune mention par Sloane , par Barrere, &: par aucun:
Auteur parvenu à ma connoiiTance , ou à celle des Botaniftes
à qui j'en ai parlé. ^ ,
Cette plante ne doit ians doute cette épitliete qu'a la
couleur de fa tige , de fes feuilles & de fes gouffes, qui dans;
leur maturité font d'un bleu foncé , approchant de celui de
l'indigo. Cependant elle mérite réellement par une autrequahté
d'être ainfi défignée , parmi les autres efpeces ^anonis.
J'en ai retiré un fécule entièrement femblable à l'indigo..
Je ne fus point conduit à cette épreuve par la couleur de la
plante, mais-par l'afped des excrémens d'une chenille qur
s'en nourrit. . ^
Si j'avois été inftruit alors des moyens qm lont mis en
ufage par les Africains £c les Indiens pour faire leur indigo,
j'aurois éprouvé - s'il n'y auroit point un avantage pour les
habitans d'employer ces mêmes moyens , afin de retirer de
cette plante, dont la culture coûteroit peu de foins ,^ un'
indigo inférieur, mais qui auroit dans le commerce k même ^
valeur que celui de Guinée Se celui des Indes. _ ^ ^
Cette idée que je fuivrai quand je repaiTerai à l'Amérique
, maintenant que j'ai pris à cet égard les éclairciiTemens;
néceiTaires , pourroit être appliquée également à cette efpece
d'indigo , que l'on appelle à la Martinique indigo Jauvage
, qui vient par-tout, & fans culture , dans les lieux les
plus arides. ^
On ne fait dans nos liles aucune tentative , ni meme aucune
remarque fur l'agriculture ; chacun fuit la méthode
qu'il a trouvée établie par les premiers habitans, fans fonger
à la perfedionner. Dans l'origine de ces Colonies , la pfâ-
A L A M A R T I N I Q U E . 115
^art des terres étoient encore vierges , ou neuves , comme'
on le dit aux Ifles j d'autres ne furent employées que longtems
après ; toutes en général font d'un grand rapport ; on
n'a donc pas dû s'occuper dans les commencemens à augmenter
leur produit.
Aujourd'hui les terres deviennent rares , à mefure que la
population-augmente; plufieUrs font déjà épuifées. Il faudra
recourir un jour à des moyens qu'on n'a point encore misen
ufage ; il faudra leur donner des engrais , une culture
plus recherchée. Pourquoi attendre leur épuifertient total,
& ne pas s'appliquer dès-à-préfent à augmenter le rapport
de celles que l'on cultive ?
Nous pourrions fur cela propofer aux phyficiens & aux
cultivateurs d'Europe, plufieurs queftions relatives à la culture
& aux produélions de nos Ifles ; leur déciiîon éclaireroit
les habitans de nos Colonies, ou les encourageroit à
des eiTais. Je me borne aituellernent aux deux fuivantes ,
pour en donner feulement des exernples.
Nous avons déjà, dit la façon dont on farcie les terres ,
on ne fait que les gratter. On ramaiTe enfuite toutes les
herbes fardées , on les met en pile au pied de chaque arbre
de café , non pas dans un trou fait au pied de l'arbre , mais
fur la fupei-ficie même de la terre. On en ufe ainil dans la
vue de leur fournir un engrais qui fe trouve fous la main.
Ne feroit-il pas plus avantageux de mettre ces herbes
dans l'intervalle qu'on laiiTe entre deux pieds de café ? La
fermentation qu'elles éprouvent en pourriflant, quelque
lente qu'elle foi t , doit échauffer ces arbres & leur nuire.
Peut-être même faut-il attribuer à cet ufage la perte de
ceux que l'on voit quelquefois fécher 6c périr tout-à-coup
fans qu'on puiffe en découvrir la caufe.
Un' engrais déjà tout formé feroit affurément avantageux
à ces arbiîftes , comme il l'eft à toutes les autres plantes
; mais ce n'eft pas la même choie dé laiffer fermenter
au pied la matiere dont on veut former cet engrais.
D'ailleurs en le plaçant à quelque diftance de l'arbre , ce '
feroit le mettre plus à portée des racines propres à le-
Q i e f t i o n s à ce
Tujet propofées.
Premiere quel- "
tion fur l'Lifage'
d'entaller au pied"
des plantes les lier- •
bes lardées. -
Ln