Ils n'abuferent
point de leurs
avantages.
A u contraire ils
fe lüumetteat.
Traite fait avec
eux en 17151.
rdiLes.
41 VO Y A G E
échouer cette entreprife , îiuffi imprudente qulnjuile. Après
Sans faccès. avoir tenté inutilement de les forcer , on fut obligé de
s'embarquer. On reconnut, & on avoua que ces mêmes
gens que l'on avoit attaqués fans raifon , en pleine paix ,
avoient épargné les François..
Ils firent plus ; ils n'abirfercnt pas de ce petit triomphe.
Cet a£le d'hoftilité contre une nation libre , avec laquelle
on étoit en paix depuis 1660 , auroit dû les irriter ; ils vinrent
au contraire à la Martinique comme deS fupplians ,
demander quels étoient leurs crimes ou leurs offenfes. Ils
nous offrirent même la propriété de leur Ifle, ôc la permilîion
de l'habiter , à condition qu'on voulût les y laiffer
vivre en paix au milieu de nous , promettant d'obéir à nos
Commandans , d'obferver notre difcipline, ôc de s'incorporer
, il l'on vouloir , dans nos milices.
Un habitant qu'ils aimoient ôc qu'ils refj)e£toient, fuivi
de quelques autres , fe tranfporta à cet effet à Saint-Vincent
l'année fuivante ; il conclut avec eux ce traité , qu'ils
n'ont pas rompu , & fur la foi duquel les François &c les
Anglois ont depuis ce tems habité paiiîblement cette Ifle.
Pour nous faire place , ils s'y font reflèrrés dans un feu!
canton. Cette partie de l'Ifle qu'ils habitent aujourd'hui ,
efl retranchée dans l'intérieur des terrespar des montagnes,
qui n'oiFrent d'autres paffages que des défilés étroits , & du
côté de la mer la côte efl prefque inabordable pour d'autres
hommes que pour eux , tant la mer efl grofTe ôc dangereufe.
Ces traits ne fe lifent point dans l'hifloire des nations
civilifées ; la bienfaifance , l'humanité Se la juffcice ne feroient
elles pas des fentimens nés avec l'homme ? Elles fe
trouvent entières dans prefque toutes les nations , dont nos
connoifTances & no? moeurs n'ont pas altéré les qualités
naturelles.
Ces peuples originaires & poffeiTeurs autrefois de nos
Ifles, ceux que nous avons appellés les vrais Caraïbes, ne
doivent peut-être leur couleur rougeâtre qu'au roucou donc
ils peignent leur corps avec de l'huile..
Couleur des Ca-
A L A M A R T I N I Q U E . 43
Je fuis porté à croire que leur couleur naturelle eft blanche
; un exemple dont j'ai été témoin autorife ce foupçon.
J'ai vu un enfant né d'une de ces femmes Caraïbes ôc d'un
Européan ; il étoit blanc , ôc beaucoup plus que ceux qui
proviennent d'une mulâtreiTe 8c d'un Européan , qu'on appelle
métifs. Ceux-ci font d'un blanc fade & jaunâtre , qui
laiiTe appercevoir le mélange des deux fangs ; l'autre avoit
la figure , & fur-tout les yeux & le regard des Caraïbes ,
mais la couleur de fa peau ne dénotoit aucun mêlante ( 4 ).
Leurs cheveux font d'un noir luifant, ils les frottent
auffi d'huile ; peut-être y ajoutent-ils quelque préparation
propre à leur donner cette couleur, à moins que cette huile
ne produife feule cet effet. Ils font liiTes comme les nôtres
, jamais crépus ni frifés , & defcendent rarement plus
bas que les épaules , aux femmes comme aux hommes.
Cet apprêt qu'ils mettent à leur chevelure ne permet
pas de difcerner fi elle eft quelquefois blonde. Le P. Dutertre
dit ( p. 358 ) qu'elle ne l'eft jamais , ôc qu'ils haïiTent
les cheveux blonds ou roux.
Leurs fourcils font d'un beau noir. Ils n'ont point de
barbe. J'ignore qu'ils employeur aucun moyen pour l'empêcher
de croître ; ils ne l'avouent pas du moins , & je ne
( 4 ) Le P. Dutertre , des Antilles , i GG-j , torn. 2 , p. 3 5 S , eft
d'un fentiment oppofé à ceux qui penfen: que la couleur naturelle des
Caraïbes eft blanche. « La preuve manifefte, dit-il, de la fauiTeté de
îj cette propofition , eft que nous avons quantité d'enfans fauvages
M parmi nous, fur lefquels on n'a appliqué aucune de ces couleurs ,
=> qui néanmoins ne laiiFent pas d'être bafannés comme les autres
Dans le tems du P. Dutertre il y avoit encore des Caraïbes dans
prefque toutes nos liles • mats cette preuve n'eft pas aiTez détaillée ,
pour être aufll concluante qu'il le prétend. Comment favoi:-il que ces
enfans n'avoient jamais été frottés ? Les avoit-il fuivis de près depuis
leur naiiTance ? Il n'en dit rien.
Il faut remarquer auffil que l'objet du P. Dutertre n'étoit pas d'obferver.
Il eft aifez difficile qu'un Miffionnaire foie exaéfeaux devoirs de'
fon'état î & exaâ: dans les obfervadons.
F i j
Efl pent- âtre natu
elli ment blanciie.
Pourquoi.
Leurs ciievenxtoujours
noirs.
Leurs fourcils. Ils
n'ont point de barbe.
. UillEI