fécondité des
femmes.
V O Y A G E
•popiilstion abondante
aux Ifles,
De la population & de Véducation des enfans nouveau-nés ;
de la. durée de leur vie.
La population eft très-coniidérable à la Martinique. Elle
Ta toujours été dans ces liles. Malgré la mortalité répandue
fur les Européans qui font venus s'y établir , ceux qui ont
réfifté ont fuffi pour les peupler autant qu'elles le font aujourd'hui.
L'Ifle de Sami-C/iriJlophe a été la mere de toutes
les autres ; c'eft de-là que font fortis les eifains qui ont
peuplé la Guadeloupe & la Martinique ; celles-ci à leur tour
ont formé d.'autres Colonies.-
11 eft très-ardinaire de voir dix , douze & quinze enfansdans
une maifon. Il eft même étonnant que les femmes,
commencent à être meres de fi bonne heure, & qu'elles
ceflént de l'être quelquefois plus tard qu'en France. J'ai
connu un frerc & une Iceur d'une même mere, dont l'âge
diiFéroit de près de trente ans ( 8 -)..
( 8 ) Le P. Dutertre fait la même remarque , il la confirme par lesexemples
fuivans.
« On trouve dans les reglftres de la Guadeloupe , le nom d'une
» vieille fnuvage , appellee Madame , âgée de cent ans , & fa fille
M âgée de cinq ans. J'ai vu la femme & l'enfanr ^ & bien que l'on ne
3> fçût fon âge que par des conjeftures, il eft très-aiTuré qu elle ne po_^Li-
3» voir avoir moins de quatre-vingt ans quand elle la mit au monde.
« Le R. P. Chemel , J-éfuite, m'a aiTuré , continue le P. Dutertre ,
5« d^us ou trois chofes dans une de fes lettres qui font des
5) preuves de ceci. Car il me mande que du tems qu'il demeuroit aux
w liles , un jeune garçon François , domeftique de M . de la- Vallée ,
ayant abufé d'une vieille fauvage, qui avoir du moins quatre vingt
« ans , elle en devint groiTe j à quoi il ajoute que dans l'opinion des
» habitans qui avoient les premiers habité les liles , elle avoit plus
de cent ans , ce qu'ils confirmoient par l'âge des enfans de ¡es ensä
fans, qui croient déjà fort vieux j & que dans l'Ifle de la M-irrinique
3» il avoir marié une Françoife âgée de cinquante-cinq ans, qui ne laiiTa
3» pas de devenir groiTe & d'avoir plufieurs enfans , bien que depuis
quinze ans elle n'en avoit point eu Hiß. des Ant. T. i ,p. 38©,.
A L A M A R t ï N r Q U K.
Afin d'avoir fur la population des calculs certains , &
des points de comparaifon ,i'ai voulu la vérifier par les extraits
baptiftaires & mortuaires des paroifles ; mais les fages
loix faites à ce fujet font très^mal exécutées. On n'envoye
point de copie de ces fortes de regiftres aux grefies , & les
Curés auxquels je me fuis adreifé , ont été très-négligens à
me fatisfaire, quoique je fulTe aucorifé par le Général ôc
rintendanc.r
Cependant par les inftrudions particulières que j'ai prifes
dans toutes les paroifles oii j'ai été , le nombre des femmes
qui naiflent eft plus confidérable que celui des hommes.
On comprend bien que j'ai eu égard aux enfans qui paflenten
France pour leur éducation , & qui meurent en Europe
ou qui reft^ent au fervice.-
Les enfans nouveau - nés ne font jamais mis dans desr
langes , ou emmaillottés comme en France. Ils n'ont d'autres
vêtcmens à cet âge que ces fortes de pieces tailléesen
forme de ferviettes , que les nourrices de Paris appellent
des couchettes. C'eft avec ces linges feuls qu'on ks enveloppe
, fans les ferrer ni les gêner. On ne leur donne qu'une
de ces couchettes de toile , quand il fait chaud , on en'
met une de bazin par defllis celle-là, quand le tems eft plits
frais..
Dès les premiers jours de leur naiffance on les baigne
avec de l'eau tiede ; on les lave enfuite habituellement de
la tête aux pieds avec de l'eau froide.
Les femmes européannes font d'abord eftrayées', quand
elles voyent prendre des enfans de cet âge par les bras oa
parles jambes , & les enlever en l'a-ir , comme ii on n'y
apportoit aucune attention ; elles imaginent à tout moment
qu'on va les eftropier.-L'expérience les raflln-e bientôt ; elles'
s'enhardiiTent comme les autres à les tenir de même fans
crainte.
On expofe ces enfans à terre , pour apprendre à marcher
feuls & fans foutien.. Ils marchent d'abord fur leurs mains
& fur leurs genoux ; c'eft-à-dire
quatre pattes , enfuite debout,.
Recheriliôî farla
population.
Les enfans Jieifcinf
j=iaiais emiiiaillot-'
tcs.
qu'ils vont d'abord à
Comment ils apprennent
à marcher
feuls.
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