S a cure à Sainc-
D o m i n o - u e .
D i f F c r e n t e à la
M a r t i n i q u e .
C a u f e de cette
m a l a d i e .
M a u v a i f e s noiirl
î j u r e s des N a r r e s .
V O Y A G E
les accable CMIS ceiTe ; ils font languiiTans & fans forces ,
incapables d'aucun travail, ni même d'aucun exercice ;
c'cil un anéantiiïemcnt, un ailaiilèment toral de^ la machine
; ils veulent être toujours couchés ; on eft obli^^e de
les battre pour les taire lever & pour les faire marcher ;
quelques-uns s'abandonnent ^ £c le découragent au point
qu'ils fe laiilent aiTommer de coups plutôt qu ; de ie lever
Us ont tous les goûts dépravés qui accompagnent la cachexie
; les alimens doux & fains leur font indifl-erens
malgré leur faim ; ils n'ont d'appétit que pour ceux qui
font^falés ou épicés. Après avoir langui quelques mois , les
jambes commencent à s'enfier ; crfuite les cuifles, le ventre
, & la poitrine venant enfin à s'engorger , ils meurcnc
étouffés. .
M. Barrere, Médecin, ne fait point mention de cette
maladie à Cayenne dans fon Bijioire de la Francepuinoxale.
M. Chevalier , que nous avons déjà cité , dit qua
Saint-Domincue fa cure confifte en des faignécs, des purgations
, de l'exercice, & un travail modéré , avec une
nourriture convenable. L'expérience a appris dans nos Iflesque
la faignée étoit contraire à leur guériion. On leur
donne habituellement uneboiflbn diaphorétiqueque 1 on
rend martiale en la faiirmt fermenter dans une vieille chaudiere
de fer ; on les purge de tenis en tcms , on leur donne
de bons ahmens , & onleur fait faire de l'exercice malgré
eux. ,
Cette malaeiie , dont la fource eft fans doute un epaifil^
fement du fang qui engorge les vifceres , a plufieurs caufes..
Quelepefois elle peut provenir de la mauvaife nourriture que*
les Neo-res ont eue pendant leur traverfée de Guinée à l'Amérique
; on ne les nourrit que de fèves de marais, auxquelles
ils n'étoient point habitués dans leur p y s ; quelquefois
auffi elle provient des mauvaifes nourritures qu'il»
ont dans nos Mes même , chez les habitans qui ne leur ea
donnent point eiu tout, ou qui ne leur en donnent point
aflez. Le befoin les oblige alors à prendre ineiifféremmenC:
de toutes celles qui fe pré.fentent à eux.
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Une autre caufe fans doute de cette malaeiie ( plus générale
que les précéelentes ) c'eft le chagrin qui s'empare de
ces hommes nés libres , que l'on enleve de chcz eux , qui
fe voycnt enfermés & gareiés dans les vaiffeaux comme
des criminels ; qui la plupart fe trouvent fur mer pour k
premiere fois , pendant fix femaines ou deux mois ; ne fachanc
rien de leur fort à venir , plufieurs d'cntr'eux^ imaginent
qu'ils font deftinés à des fupphces, ou à être dévorés
par ceux qui les ont achetés ; abandonnant fans efpoir de
retour leur terre natale, leurs femmes, leurs enfans, lemurs
compagnons , leurs plaifirs & leurs habitudes, pour être
tranfportés dans une terre étrangère , & chez des peuplesinconnus
; cette fituation afFreufe doit fans doute jetter
dans leur coeur le découragement & le défefpoir. Prefque
tous les Negres que l'on tranfporte de Guinée dans nos
Mes , ont en effet un air trifte , abattu , ou étonné quand
ils y arrivent.
Une autre caufe du mal d'ejlomac, très-générale encore,
c'eft que plufieurs de ces Negres- venus de la côte de^ Guinée
, mangent de la terre. Ce n'eft point par un goût dépravé
, c'eft-à-dire, par une fuite feulement de leur maladie
, c'eft une habitude contraftée chez eux , oii ils difent
qu'ils mangent habituellement une certaine terre dont le
goût leur plaît , fans en être Incommodés. Ils recherchent
chez nous la terre la plus approchante de celle-là ; celle
qu'ils préfèrent ordinairement eft un tuf rouge - jaunâtre ,
très-commun dans nos Mes.On en vend mêmefecretcment
dans nos marchés publics fous le nom de Caouac. C'ci"t unabus
important fur lequel la police devroit porter plus d'attention
qu'elle ne fait. Ceux qui font dans cet ufagc en font
fi friands , qu'il n y a pmnt de châtimens qui puilTent les
empêcher d'en manger.
Les blancs ne font point fujets au mal d'eftomac, ou
quand ils l'éprouvent lesfymptômes n'en font pas^tout-à-kit
les mêmes ; ils fe prêtent aux remedes & aux bonnes nourritures
; ils s'efforcent d'eux-mêmes à faire de l'exercice ;
en un m o t , ce n'eft pas un affaiflement comme celui des
L e cfiagrin de
l e u r expatriation.
E t d e ce qne plufieurs
niangent da
l a terre.
Ai a l d'eilomrc
d e s b lancs d iucrei t
& plus faci l e à gucr
i r .
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